INTRODUCTION A L’ARTICLE DE CALVIN PARKER SUR SES RENCONTRES AVEC JESSE MARCEL SR. EN 1980: Rappel historique sur la réactivation du dossier Roswell à partir de 1978

par Jean Librero

Bref rappel historique sur Jesse Marcel Sr. et l’Incident Roswell

Le Major Jesse Marcel peu avant 1947. Crédit Thomas Carey, « ROSWELL: The Chronological Pictorial ».

Les amateurs d’ufologie, anciens et nouveaux, connaissent le plus souvent les « rudiments » du dossier Roswell. Toutefois, la nature du document précieux qui est publié dans un article associé ( auteur Calvin Parker) justifie de rappeler brièvement le cas lui-même, et plus encore les conditions de son retour dans la sphère publique à la fin des années 70.

Les faits. Le crash au Nouveau Mexique, Juillet 1947

Cet incident emblématique prend place au tout début de l’ufologie comme « phénomène sociologique » puisqu’il est supposé avoir eu lieu un peu moins de deux semaines après l’observation de « flying saucers » par Kenneth Arnold, le 24 juin 1947, au-dessus du Mont Rainier, dans l’État de Washington.

Selon les principaux enquêteurs sur le Cedossier, le crash se serait produit dans la nuit du 02 au 03 juillet 1947, marquée par des orages particulièrement violents dans le ciel du désert du Nouveau-Mexique.

Le site du champ de débris                                         sur le « Ranch Brazel »

La carte ci-dessous, tirée d’une publication récente de Thomas Carey et Donald Schmitt, on peut localiser assez clairement les trois sites du crash:le fameux champ de débris sur le ranch Brazel (appelé aussi Ranch Foster), à 33 miles ( 50 kilomètres) au sud de la ville de Corona ;

 

Tiré du livre de Thomas Carey/Donald Schmitt « A Chronological Pictorial »                             Moonset Publishing, Novembre 2018.

 

le site « Dee Proctor » est une butte à 4 kilomètres (2,5 miles) au sud-est du champ de débris ; Brazel, parcourant le ranch à cheval accompagné de deux ou trois jeunes garçons , y aurait découvert une capsule et plusieurs corps ; le lieu du crash proprement dit se situe à environ 50 kilomètres (35 miles) au sud-est du champ de débris, et à plus de 60 kilomètres (40 miles) au nord de la ville de Roswell, qui a donné son nom   à l’Incident. Ces données sont le fruit des recherches des chercheurs sur le cas Roswell, dont le nombre « se compte sur les doigts de la main » et dont les noms sont toutefois largement inconnus du grand public, et quelquefois des amateurs avertis.

Rappelons ici que Donald SCHMITT qui fut à la fin des années quatre-vingt un chercheur actif pour le compte du Allen Hynek Center for UFO Studies (CUFOS) a commencé à enquêter sur le cas Roswell à partir de 1988, et qu’il a écrit d’abord deux livres de référence, en collaboration avec Kevin D. Randle, en 1991 et 1994 (cf. Bibliographie en bas d’ article). Carey s’est associé à Schmitt à partir de 1991, et tous deux ont poursuivi leur énorme travail de terrain, qui a conduit à la publication de l’ouvrage de référence incontournable, de l’avis des spécialistes, qui est WITNESS TO ROSWELL, paru aux Etats-Unis en 2009, plusieurs fois réédité.

Deux portraits du Lieutenant Walter Haut, Officier de Relations Publiques, Base aérienne de Roswell (RAAF), 1947 © Thomas Carey

Le fait que cet ouvrage soit « inconnu au bataillon » dans les rangs de nos cercles ufologiques en dit long sur « les carences » de l information dans notre pays, et sur le fonctionnement de la  recherche dans ce domaine. Contentons nous de rappeler que, à quelques exceptions, seul l’éminent Gildas BOURDAIS a eu l’extrême honnêteté et rigueur de fonder ses écrits sur les travaux des véritables enquêteurs de terrain, ces sources bibliographiques étant abondamment et systématiquement recensées dans ses ouvrages. : En 2009, Schmitt et Carey avaient donc consacré près de 20 ans à l’élucidation de ce cas majeur, tandis que des dizaines de livres sur Roswell ont été publiés dans notre pays, certains recevant la faveur des médias tout en ignorant superbement les travaux de référence. C’est ici une question très grave, qui ne peut être abordée à part entière dans ce bref rappel historique.

Le Col. Blanchard, commaandant de la base aérienne de Roswell (RAAF) en 1947

Comme on le sait, le dossier a été «enterré quelques jours ou quelques semaines plus tard après que la nouvelle du crash ait fuité par un communiqué de presse de la base aérienne de Roswell. Ci-dessous un portrait du Colonel Blanchard, qui commandait la base et a autorisé le communiqué, et deux portraits de l’officier de relations publiques Walter Haut, qui a diffusé le communiqué, lequel a « enflammé les médias » et l’opinion publique, à l’échelle du pays, et du monde entier..

Le Major Jesse Marcel dans le bureau du Général Ramey,, à Fort Worth, Texas, lors de la mascarade du « réflecteur rdar »

Le Général de Brigade Ramey, chef de la Huitième Armée, à laquelle la base de Roswell était rattachée, émit un communiqué contradictoire le même jour, 8 juillet, en fin de journée, avec la complicité forcée du Major Jesse Marcel,  dans cette « mise en scène» dont la photo a fait le tour de la planète, pour « jeter à la corbeille » toute référence à un crash, et imposer la thèse d’un « ballon météo ».

Historique du déroulement sur le site du Nicap: https://www.nicap.org/roswell5.htm

 

Irruption de l’incident Roswell, plus de trente ans plus tard. 

Richard Dolan montrant la couverture originale du livre de Frank Scully paru en 1950 « BEHIND THE FLYING SAUCERS »  émission du 07 Avril 2020

Dans une émission très récente sur sa chaîne You Tube (Richard Dolan Show) consacrée au crash d’Aztec, survenu le 25 mars 1948 au Nouveau-Mexique (huit mois après Roswell), le grand historien de l’ufologie Richard Dolan rappelait que jusqu’à la fin des années soixante-dix, le cas Roswell etait totalement oublié ou passé sous silence, y compris dans les groupes ufologiques qui existaient alors. Paradoxalement, l’incident du crash d Aztec (très documenté quoique peu évoqué aujourd’hui dans notre pays) était beaucoup plus largement « dans les esprits » (grâce entre autres au livre de Frank Scully, qui fut publié avec un gros tirage en 1950, même si une campagne savamment orchestrée a tenté de discréditer Scully et les témoins majeurs.  Lien émission Richard DOLAN, 07 Avril 2020 : https://www.youtube.com/watch?v=rfe0LoqzkCE

Stanton Friedman au début des années 80

Dans son livre Crash at Corona, paru en 1992, Stanton Friedman raconte sa rencontre totalement déconcertante avec un militaire à la retraite, lors d’un déplacement en Louisiane pour une série de conférences ufologiques dans cet Etat. Cela faisait onze à cette époque que Friedman traversait le pays pour informer le public sur ces sujets. C’était le 20 février 1978, Friedman se trouvait à Bâton Rouge, où il donnait des interviews radio en promotion de la conférence qu’il allait donner le soir même à l’Université d’État de la Louisiane. A l’issue d’une interview pour une chaîne de télévision, il eut un entretien informel avec le directeur de cette station, lequel lui parla pour la première de cet homme, Jesse Marcel, qui avait été Major dans l’Air Force, et qui « avait tenu dans les mains des débris de l’une de ces choses ». Le directeur de la chaîne TV connaissait personnellement Marcel depuis longtemps (un des hobbies de Marcel était la radio amateur) et il assurait Friedman de la fiabilité du témoin.

Le lendemain, Friedman, en attente d’un vol à l’aéroport pour une prochaine conférence, appela le service de renseignements téléphoniques, qui lui communiqua le numéro d’un Jesse Marcel à Houma, Louisiane, et appela. Marcel lui exposa d’emblée au téléphone ses fonctions d’officier de renseignement à Roswell en 1947, et les conditions de l’évènement survenu à une date qu il ne fut pas capable de rappeler à l’instant même.

Ce fut le début d’une enquête longue, de plus d’un an, dans laquelle s’impliqua un membre de groupe ufologique que Friedman avait connu au Minnesota, du nom de William Moore.

Comme on le sait, Moore fut l’auteur, quelques années plus tard, du premier livre consacré à Roswell ( The Roswell Incident, de William Moore et Charles Berlitz, publié en 1980, plusieurs fois réédité).

Nous abrégeons donc ici, puisqu’il s agissait, avec ce rappel historique, de mettre l’accent sur la « conjonction » entre  le contexte historique général et les trois rencontres du jeune Calvin Parker en 1980 avec le vieux lieutenant colonel à la retraité, dans une ville côtière de la Louisiane.

La première visite de  Parker à Houma, dans la maison de Marcel, eut lieu selon lui en 1980 sans qu’il précise la période, ais ce fut donc environ deux ans après le premier contact entre Friedman et Marcel, en février 1978. Parker eut trois entretiens avec Marcel, dont l’un dans un parc public.

Il était important de rappeler ce cadre historique, car beaucoup d entre nous ignorent ou ont oublié ce que nous avons souligné au début de cette note : l’incident Roswell était inconnu du public (effacé de la mémoire publique!) depuis l’opération de communication « réflecteur radar de ballon sonde » sous les ordres du général Ramey, à la base de Fort Worth, Texas.

Le témoignage qui suit, de la voix de Calvin Parker, témoin d’un autre cas ufologique majeur, est donc d autant plus brûlant qu’il prend place dans cette période décisive de 1978-1980, dans laquelle le crash de Roswell revient avec force aux oreilles du public.

Autre dossier concordant : l’interview de Jesse Marcel avec la journaliste Linda Corley en Mai 1981.

Deux premières pages de la transcription de l’interview de Jesse Marcel, 5 Mai 1981. Publié dans les MUFON Symposium Procedures de 2000. (actes du congrès annuel MUFON)

Nous rapportons ici  une information reçue il y a quelques semaines de Gildas Bourdais, le principal expert français sur le cas Roswell. Il se trouve que Jesse Marcel a donné le 05 Mai 1981 une interview longue de quatre heures à la journaliste Linda Corley. La transcription de cette interview, est un texte de 68 pages dont un extrait fut publié en 2000 dans les actes du congrès annuel du Mufon (2000 MUFON Symposium Procedures).Voici un extrait du message de Gildas Bourdais, en attendant que nous puissions rapporter les contenus de cette interview dans un numéro prochain. Un article sera consacré à ce document ainsi qu’au témoignage de Parker dans un numéro prochain du magazine LDLN.

« J’ai retrouvé l’entretien de Jesse Marcel Sr. avec l’étudiante Linda Corley, qu’elle a relaté au symposium annuel du MUFON en juillet 2000 à Saint Louis, Missouri. Sa conférence, publiée dans les actes du symposium, était un résumé d’un texte de 68 pages écrit en 1981 mais non publié, tiré de quatre heures d’entretien le 5 mai 1981 avec Marcel, accompagné de sa femme Viaud, et enregistré avec son accord, chez lui à Houma en Louisiane. 
Le titre de sa conférence au MUFON citait une phrase de Marcel : « For the sake of my country », par laquelle il lui signifiait qu’il ne pouvait pas tout lui dire…  Marcel y racontait pourtant pas mal de choses, notamment sur les débris trouvés sur le ranch Foster. Il avait même fait un dessin des fameux « hiéroglyphes », que son fils Jesse Jr a décrit lui aussi, plus tard.
Pourtant, plusieurs jours après cet entretien, elle raconte que Marcel l’avait appelée, affolé, pour lui enjoindre de ne rien publier de cet entretien. Il parlait d’une voix frénétique (« frantic ») et semblait presque hystérique. Il lui avait affirmé que tout ce qu’il lui avait dit était mensonger ! (« he stated that everything he told me was a lie« ).
C »est la raison pour laquelle Linda Corley avait attendu presque vingt ans pour en parler publiquement, en 2000, bien après la mort de Marcel en 1986  ». 

Couverture du magazine hispanophone PHENOMENA.ES publié à Buenos Aires, Argentine.

Gildas Bourdais conclue sur cette observation pleine de gravité, qui donne encore plus de relief au témoignage de Calvin Parker, qui suit
« Mon commentaire : Il est évident que Marcel était encore surveillé de près en 1981, et que l’on avait enregistré cet entretien. En 1981, on ne savait encore presque rien sur le crash de Roswell, mais l’entretien avec Calvin Parker suggère fortement qu’il était encore étroitement surveillé à ce moment là ».

Bibliographie restreinte sur l’Incident Roswell :

The ROSWELL Incident, William L. Moore et Charles Betlitz, 1980                 Traduction française: Le Mystère de Roswell: Les naufragés de l’espace. France-Empire, 1981                                                                                                       

CRASH At CORONA, Stanton Friedman et Don Berliner, 1992                                                                                                          UFO Crash at Roswell, Donald Schmitt Kevin D. Randle, Avon, 1991   

BEYOND ROSWELL, Michael Hesemann  Philip Mantle.  Michael O’Mara Book 1997                                                                          THE DAY AFTER ROSWELL, William A. Birnes, Philip Corso. Pocket Books, 1998                                                                WITNESS to ROSWELL, Donald Schmitt et Thomas Carey, New Page, 2009                                                                                 THE ROSWELL LEGACY, Jesse Marcel Jr. Weiser, 2008                                                                                                                          LE CRASH DE ROSWELL, Gildas Bourdais, Temps Présent, Février 2009                                                                                     OVNIS: La levée progressive du secret. Gildas Bourdais, Editions JMG, 2001                                                                                 Au lendemain de Roswell, William J. Birnes, Philip J. Corso, Ariane, 2017. 

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