La Nuit des Sentinelles, de Patricio Abusleme

Enquête sur le cas "Caporal Valdés", Chili, avril 1977.

par Jean Librero

Une lumière qui fascine, éblouit et terrifie, de jeunes conscrits qui, pris de terreur, marmonnent des Notre Père tout en se serrant les coudes, un sous-officier qui disparaît quinze minutes, une jarre de cocoroco (alcool très puissant consommé sur l’altiplano) à moitié vide, une barbe de cinq jours controversée, un message télépathique délivré par un caporal hagard qui ne tient pas sur ses jambes, une coipa (cagoule règlementaire qui ne découvre que les yeux) qui semble troubler le caporal, une gifle administrée par un soldat à son caporal, des chevaux pétrifiés, un chien apeuré, plusieurs semaines d’internement à un hôpital militaire de Santiago, des déclarations fracassantes et contradictoires vingt-deux ans après les faits, une séance d’hypnose perdue et retrouvée, un « besoin pressant », une planète-Licorne et une femme ET nommée Amalia, une comparaison entre les enlèvements extraterrestres et l’eschatologie messianique chrétienne, une expérience « démoniaque..

Voici quelques-uns des ingrédients d’une affaire particulièrement embrouillée, un labyrinthe dans lequel un enquêteur chilien patient et méthodique est parvenu à étirer un fil d’Ariane, au terme d’une recherche de plusieurs années…

Un livre traduit de l’espagnol par l’ufologue Didier Gomez pour Flying Disk France.

 

Extrait de la préface d’origine

Les coups frappés à la porte de sa baraque l’ont soudainement réveillé.

De mauvaise humeur et encore endormi, le caporal Antonio Flores, surnommé « Jorge » par les soldats, s’est levé de son lit de camp et est allé voir qui le dérangeait à six heures du matin.

Lorsqu’il tourne la poignée et ouvre la porte, il est surpris de voir Armando Valdés, également caporal-chef et son meilleur ami depuis leur entrée à l’école de cavalerie de Quillota en 1974, debout sur le seuil de sa porte.

Sur le moment, Flores ne pouvait pas s’expliquer la présence de son ami à cet endroit, car il était censé être en service avec une poignée de conscrits dans une zone située à quelques kilomètres à l’ouest de Putre, et ils ne devaient rentrer à la caserne qu’après huit heures du matin.

« Jorge, s’il te plaît, tu dois venir m’aider », a supplié Valdés à son compagnon d’armes.

– Mais, « chico », qu’est-ce que tu as ? », demanda Flores, qui commençait à s’inquiéter parce que son ami état visiblement nerveux et perturbé.

– Il s’est passé quelque chose dans la nuit… une lumière… et les garçons sont devenus fous, certains veulent déserter… Je ne sais pas ce qui se passe. S’il te plaît, viens m’aider », supplia le caporal Valdés.

(…) En une fraction de seconde, les scénarios les plus sombres ont traversé son esprit. Il pensait à une bagarre entre soldats déclenchée par l’alcool, car bien qu’il ne soit pas habituel de boire de l’alcool pendant le service et même si une telle transgression est punissable, il arrivait que les appelés se procurent en douce une frasque de cocoroco ou de guabira pour se réchauffer pendant les froides nuits de l’altiplano. (…)

Craignant qu’il puisse y avoir des blessés, le caporal Flores envoya réveiller la recrue García, l’aide-infirmier de garde à Putre ce week-end-là, et suggéra à Valdés d’aller chercher Pedro Araneda, un ancien professeur d’artisanat et céramiste de l’école de Putre qui étudiait aussi les phénomènes inhabituels dont on entendait souvent parler dans l’altiplano.

Quelques minutes plus tard, tandis que Valdés et Araneda prenaient la marche à côté du cheval de trait du caporal, Flores partait avec la recrue García à Pampa Lluscuma dans le véhicule de transport de blessés de l’unité, un camion Unimog qui occasionnellement servait d’ambulance.

Assis dans le véhicule, le jeune soldat ne se doutait pas qu’il était sur le point de découvrir l’une des histoires les plus étranges qu’il entendrait de toute sa vie. (…)

Patricio Abusleme

Présentation par Jean Librero, éditeur.

La Nuit des Sentinelles est le premier livre traduit de l’espagnol pour Flying Disk France. Je remercie Thiery Gaulin, qui m’a fait découvrir cette enquête sur le cas du « Cabo Valdés » (Chili, 1977) et a permis le premier contact avec l’auteur.

Portrait de Thierry Gaulin (à droite) aux côtés de Vincent Quesnel, secrétaire de OVNI-Languedoc. Crédit journal Midi Libre.

Des échanges ont eu lieu avec d’autres chercheurs latino-américians à l’occasion de cette publication, et souhaitons que des études ufologiques de qualité pourront être proposées au public français. Je remercie en particulier le fameux ufologue chilien Diego Zúñiga pour sa contribution généreuse.

Le cas de « l’OVNI de Putre » (l’une des dénominations du cas) se déroule moins d’un an après l’un des cas d’enlèvement les plus connus dans le monde :l’enlèvement de Travis Walton dans la forêt de Snow Flakes en Arizona, entre le 5 et le 10 novembre 1975.

Travis Walton à l’International UFO Congress, Phoenix, Arizona. Septembre 2019.

Le caporal Valdés, en charge d’une garde de 24 heures dans des écuries perchées à plus de 3000 mètres d’altitude, au nord du Chili, disparaît mystérieusement pendant quinze minutes après que lui-même et les sept autres soldats qui formaient cette garde de nuit aient été terrifiés par l’observation de deux lumières surgies d’une crête qui surmontait le site de Pampa Lluscuma.

Cet épisode suit de quatre ans le cas Pascagoula, survenu le 11 octobre 1973 dans un port de l’Etat du Mississippi. Travis Walton a été photogaphié en septembre 2019 aux côtés de Calvin Parker, l’un des deux témoins du cas Pascagoula, à l’occasion de l’International UFO Conference. Parker était photographié également avec Kathleen Marden, nièce de Betty et Barney Hill, et l’expert du MUFON International pour les « expérienceurs ». Il est permis de regretter que l’on ne rencontrera probablement jamais l’ex caporal Valdés dans un congrès ufologique, encore moins bras dessus bras dessous avec le grand et courageux Travis Walton.

Kathleen Marden et Calvin Parker en septembre 2019, International UFO Congress, Phoenix, Arizona.

Rappelons que Calvin Parker, dont le témoignage depuis 2018 a « resuscité » le dossier Pascagoula, a quitté ce monde en aout 2023. Son courage, honnêteté et sa simplicité ont été salués partout dans le monde, et en France dans une très belle émission-hommage par Bob Bellanca sur BTLV, avec la participation impromptue et efficace de Egon Kragel.

 

L’enquête de Patricio Abusleme, ufologue chilien très respecté, par ailleurs auteur du livre OVNIs en Chile (2010), s’est étirée sur de nombreuses années et se révèle particulièrement rigoureuse. L’auteur a retrouvé la trace de pratiquement tous les acteurs directs ou indirects, et a pu inteviewer longuement chacun d’eux, à l’exception de deux des sept recrues qui accompagnaient le « cabo Valdés » dans cete nuit de garde aux écuries de Pampa Lluscuma, à quelques kilomètres de Putre, dans l’altiplano chilien, dans le nord du pays, près de la frontière avec la Bolivie. Les témoignages circonstanciés de ces protagonistes de l’affaire, recueillis à partir de 2002, restent constants par rapport aux déclarations initiales faites aux journalistes et reporters en 1977.

Pedro Araneda Arce (à gauche sur la photo ci-contre prise en Août 2009 en compagnie du témoin Humberto Rojas Véliz), le premier civil ayant interrogé et enregistré les déclarations du caporal Valdés et de ses compagnons peu de temps après leur expérience OVNI.

En raison de son goût pour l’étude des observations d’ovnis, Araneda avait enregistré ces déclarations sur une cassette qui n’a jamais été rendue publique dans son intégralité et sans être soumis à censure.

De ces premières déclarations, nous ne disposions que de ce qui a été publié entre le 16 et le 20 mai 1977 par La Estrella de Arica, journal qui avait été préalablement censuré par les autorités militaires de l’époque.

Cependant, le mercredi 12 août 2009, Pedro Araneda a permis à l’auteur d’enregistrer l’audio de son enregistrement original avec les « nouvelles » déclarations fraîches du caporal Valdés et des appelés.

Ob sait que l’incident à « Pampa Lluscuma«  a été couvert le jour même par l’ufologue amateur Pedro Araneda, correspondant local du journal La Estrella de Arica. Ce journala donc eu l’exclusivité de lévènement pendant quelques jours, avant que ses reportages soient repris par la plupart des journaux de la presse nationale, puis à l’étranger..Ce sont ces enregistrements « sur le vif » qui ont généré un impact mondial et se sont gravés dans la mémoire collective..

Premier titre de presse qui rapporte la rencontre OVNI à Pampa Lluscuma, lundi 16 mai 1977 (Source: La Estrella de Arica)

 

Cinq des sept appelés témoins de la rencontre OVNI à Pampa Lluscuma avec le caporal Valdés. De gauche à droite: Pedro Rosales, German Riquelme, Humberto Rojas, Ivan Robles et Juan Reyes. Outre le caporal Valdés, ne figurent pas sur la photo Julio Rojas et Raul Salinas. (Source: La Estrella de Arica)

« La seule chose que je peux dire, c’est que quelque chose a attiré mon attention… ce quelque chose m’a attiré…. C’était comme une communication interne avec la lumière… Je ne sais pas si je dois dire que j’ai ressenti quelque chose de vraiment merveilleux ou quelque chose d’effrayant...« . Caporal Valdés, entretien avec Pedro Araneda, 25 avril 1977.

Extraits de la transcription de l’enregistrement par Pedro Araneda :

[PEDRO ARANEDA : « Les deux lumières étaient plus ou moins parallèles, l’une plus haute et l’autre plus basse ?

CAPORAL VALDÉS : « Non… La première lumière, quand Rosales m’a appelé, a commencé à s’intensifier et puis elle est descendue doucement vers la colline et l’autre est descendue devant nous comme ça… comme si elle nous appelait… comme si elle voulait nous intimider, comme ça… ».

PEDRO ARANEDA : « Le périmètre qui a illuminé la lumière, a illuminé les cultures, l’herbe, les collines… » ?

CAPORAL VALDÉS : « La lumière illuminait la colline et nous avons pu en distinguer les contours ainsi que les cultures….. Même si la nuit était très sombre parce qu’il n’y avait pas de lune…]

[Réapparition du caporal Valdés dans des circonstances étranges.      

PLUSIEURS VOIX : « Alors mon caporal est apparu…. Il riait… Il s’est mis à rire et a dit… Vous ne saurez jamais qui nous sommes ni d’où nous venons… Et nous reviendrons ici encore…' ».

PEDRO ARANEDA : « Et le caporal a-t-il parlé avec sa voix normale… ».

VOIX : « Bien sûr… la voix qu’il a toujours eue… mais un peu plus pressée… excitée…. Et quand il a perdu connaissance et est revenu à lui, il nous a regardés comme s’il ne nous connaissait pas et a tourné la tête en arrière en disant : « La lumière… la lumière… » ».]

Quelques jours après la publication de ces premiers articles, la chaîne de télévision Canal 13 dépêchait un reporter expérimenté, Pablo Honorato. L’interview a eu lieu le mercredi 18 mai 1977 au régiment Rancagua à Arica, et une partie a été diffusée sur Canal 13 le soir même.

L’auteur a pu retrouver l’enregistrement intégral de cette interview dans les archives de Canal 13, et le lecteur constatera que le témoignage de Valdés est précis et plein de relief, à l’exception de ces quinze minutes de disparition (un « missing time » ou temps manquant, sans aucun doute).

Ces témoignages riches et multiples, du caporal, des soldats et autres témoins plus ou moins directs, rendent d’autant plus frustrants les revirements imprévus de Valdés à partir de 1999.. époque à laquelle il préparait un livre sur son expérience et sa perception ou description de l’incident avait sensiblement évolué.

De Pé a Pá : En juin 1999, dans un talk-show télévisé de forte audience, plus de vingt ans après les faits, Armando Valdés nie toute l’affaire.

Pourquoi celui qui est devenu pasteur évangélique s’obstine-t-il, plus de quarante ans après les faits, à nier l’évidence et à s’empêtrer dans ses propres contradictions ? Nul ne peut répondre avec certitude à cette question, mais là est bien le défaut ou le « talon d’Achille » de ce cas mémorable qui a fait le tour du monde à partir de mai 1977.

Je précise qu’un dossier de presse a été greffé à l’édition en langue française et présente un large éventail d’articles parus en Amérique du Sud, aux Etats-Unis et dans plusieurs pays d’Europe. Selon les affirmations de Valdés sur le plateau de Television Nacional de Chile, il s’était, cette nuit-là, tout simplement éloigné pour « satisfaire un besoin pressant »…

Quelques années plus tard, en 2008, Valdés donnait une interview dans laquelle il affirmait sans détour qu’à vrai dire « il n’avait pas été enlevé » : Article de Alejandro Agostinelli et Diego Zuniga.  » 30 años después, el cabo Valdés confiesa: ‘No fui abducido’ « . Revue Más Allá de la Ciencia, Nº 234, 2008.

Patricio Abusleme a entrepris son enquête autour de 2002 et a lui-même été confronté aux « réfutations » et incohérences de l’ex-caporal. Sa synthèse est très rigoureuse dans les derniers chapitres du livre. Avant de parvenir à des conclusions personnelles, l’auteur a conduit une enquête minutieuse pendant plus de huit ans. En voici quelques exemples :

L’auteur a recueilli le témoignage du « brigadier » (général) Durcudoy qui était en 1977 le commandant du régiment en poste dans cette région montagneuse, à Arica et Putre, dans le nord du pays. Le général confirme l’état de « commotion » du sous-officier qui avait d’excellents états de service, et qui en aucun cas n’aurait « simulé » dans le cadre de sa mission. Il a également interrogé le médecin psychiatre qui a examiné Valdés dans un hôpital militaire à Santiago, où celui-ci a séjourné plusieurs semaines, sur ordre de ses supérieurs. L’auteur a même mis la main sur le rapport officiel d’expertise médicale, qui en dit long sur « l’indépendance » et l’honnêteté » de ces services.

L’ex-caporal Antonio Flores était en 1977 le meilleur ami de Valdés, et il avait fait ses classes avec lui à l’école de sous-officiers. L’auteur a choisi de reproduire dans sa préface une partie de l’entretien avec ce témoin-clé, et le lecteur  comprendra la pertinence de ce choix.

Antonio Flores Barros, ancien caporal-chef et meilleur ami du caporal Valdés en avril 1977, quand s’est produite la rencontre OVNI dans les environs de Putre. D’après Flores, interrogé par l’auteur en mai 2004, Valdés est venu le réveiller peu de temps après l’observation des lumières et l’a supplié de l’accompagner à Pampa Lluscuma pour apaiser les soldats.

À la fin des années 1990, Flores a vu un épisode de la série Los Visitantes, diffusée par la chaîne Red TV, qui présentait une reconstitution de la rencontre avec un ovni à Pampa Lluscuma. Antonio Flores voulut dénoncer les inexactitudes du programme et envoya un courriel à Diego Zúñiga, qui avait écrit et publié sur Internet un article sur l’affaire. Grâce à ce premier contact, Patricio Abusleme a pu interviewer Flores le 15 mai 2004.

Flores contredit radicalement, de même que tous les autres témoins directs, les déclarations radio-télévisées de Valdés à partir de 2002, dans lesquelles ce dernier nie catégoriquement la réalité de l’incident, invoquant une « blague » qui aurait mal tourné, s’empêtrant dans de nombreuse incohérences que l’auteur met en évidence de façon méthodique dans les chapitres de conclusion. Flores confirme la visite de Valdés à son domicile au petit matin, son état émotionnel altéré, et décrit en détail les heures passées par Valdés au domicile de Pedro Araneda, enseignant et ufologue local, au domicile de qui il fut conduit pour quelques heures de repos… Le récit de Flores sur l’état de panique dans lequel était plongé son ami est saisissant, et comprend plusieurs indices à méditer..

Le témoignage d’Armando Flores recoupe très précisément celui de Pedro Araneda, qui a alité et pris soin du jeune caporal pendant de longues heures, en compagnie d’Antonio Flores. Ces deux témoignages démentent formellement le récit tronqué de Valdés, qui en 2002 nie avoir frappé à la porte de son collègue et ami, en ce petit matin glacial.

Domicile du caporal-chef Antonio Flores, 06 heures du matin, 24 avril 1977, Putre.

– Jorge, s’il te plaît, tu dois venir m’aider », a supplié Valdés à son compagnon d’armes.

– Mais, « chico », qu’est-ce que tu as ? », demanda Flores, qui commençait à s’inquiéter parce que son ami état visiblement nerveux et perturbé.

– Il s’est passé quelque chose dans la nuit… une lumière… et les jeunes conscrits sont devenus fous, certains veulent déserter … Je ne sais pas ce qui se passe. S’il te plaît, viens m’aider », a supplié le caporal Valdés.

Le caporal de l’Armée du Chili, Armando Valdés Garrido en mai 1977 – (Source: La Estrella de Arica)

 

Armando Valdes est revenu à Pampa Lluscuma en compagnie de l’auteur, 25 ans après son expérience OVNI. Derrière lui, la colline par où est apparue une des lumières.

 

La barbe de cinq jours :

« Écoute, Roquita.. la vérité, c’est que tu dois être perturbé, parce que ce jour-là, j’ai été de garde sans me raser ».

Un autre témoignage-choc apparaît à l’occasion du déplacement de l’auteur et d’Armando Valdés au domicile d’un ex-caporal qui était également de service à Putre ce mois d’avril 1977. L’auteur a eu un premier entretien téléphonique avec l’ex-caporal Ramón Roca en octobre 2002, puis à son invitation l’a interviewé à son domicile quelques mois plus tard.

L’entretien avec l’ex-caporal Roca porta entre autres sur un des traits qui ont popularisé le cas dans la presse en 1977 : Après sa disparition de quinze minutes, le caporal Valdés serait réapparu, de l’avis de tous les soldats et témoins,.. avec une barbe de cinq jours. Roca confirme résolument le témoignage des soldats, tandis que Valdés persiste dans ses dénégations..

« Nous avons ensuite abordé le sujet de la barbe et Roca a confirmé et complété la version qu’il m’avait donnée au téléphone en octobre : après s’être rasé ce matin-là, il avait passé sa lame de rasoir à Valdés et ce dernier, après s’être rasé, avait essayé de la lui rendre, mais Ramón Roca lui avait dit de la garder, car le jeune Armando n’avait jamais de lame de rasoir à portée de main.

Le commentaire tranchant de Roca aux affirmations de son collègue :

« Chico, avec cette nouvelle version, tu te mets la corde au cou« …

Le bétail effrayé…

C’est là un aspect de l’incident « de Putre » trop peu commenté et qui recoupe de nombreux témoignages de rencontres rapprochées dans lesquels des animaux sont impliqués. On rapporte le plus souvent des comportements atypiques des animaux, qui sont le plus souvent apeurés ou tétanisés par l’expérience. Ce cas ne fait pas exception, et en l’occurrence il faut garder à l’esprit que les huit soldats assuraient la garde d’écuries à vocation militaire : il s’agissait d’un contingent de plusieurs centaines de chevaux secrètement gardés dans cette zone montagneuse en prévention d’un éventuel épisode belliqueux avec l’un des deux pays voisins au nord (Pérou et Bolivie). Concrètement, alors que les chevaux regroupés de nuit dans les écuries se montrent souvent nerveux et dans un état de frayeur auraient logiquement tenté d’abattre les cloisons pour prendre la fuite, de façon très paradoxale ils sont restés totalement immobiles, oreilles dressées et les yeux rivés sur la lumière qui leur faisait face… et devant laquelle les soldats eux-mêmes avaient fondu en larmes, marmonnant des « Padre Nuestro.. ».  

« Mais le plus extraordinaire dans tout cela, c’est que les mille chevaux, qui normalement essayaient de s’enfuir, au lieu de partir vers ce secteur, où il était facile d’arracher le grillage, ils se regroupent – parce que nous les avons tous vus là, oui, je pourrais….. ».

Armando Valdés, mercredi 16 juin 1999, émission De Pé a Pá.

« L’autre chose dont je me souviens plus ou moins bien, c’est qu’ils ont dit que les lumières avaient un effet sur les chevaux, qu’ils étaient tous immobiles et fixaient la lumière qui était la plus proche d’eux ». Entretien de l’auteur avec l’ex-caporal Roca, octobre 2002.

« Nous avions environ 300, 400 chevaux à notre charge, plus un chien qui nous accompagnait, qui resta à tout moment derrière notre position, sans même aboyer ou sortir pour voir de quoi il s’agissait. Mais le plus curieux était le silence qui régnait parmi les chevaux. Le seul bruit que nous pouvions entendre dans la nuit était celui de l’eau qui coulait dans les fossés. Rien d’autre. ». Interview de l’ex-soldat Humberto Rojas par l’auteur, le 08 aout 2009 à Arica.

Julio Rojas Suarez, « l’homme à la coipa » un des sept ex-appelés ayant vécu la rencontre OVNI avec le caporal Valdés à Pampa Lluscuma fin avril 1977. Photographie prise par l’auteur durant une interview le 19/08/2022 (Archive de l’auteur)

« Le caporal a crié à la lumière… et les ennuis ont commencé ».

Quelque chose d’intelligent…

« Et ce qui est important, c’est la confirmation des deux lumières rouges que l’on voit sur les côtés, ce qui, à mon goût, m’indique clairement que ce que j’avais devant moi était quelque chose d’intelligent. Bon ou mauvais ? Eh bien… ». Armando Valdés, 16 juin 1999.

Communication avec la lumière…

« Quelque chose m’attirait… c’était comme une communication interne avec la lumière ». La Estrella de Arica, jeudi 19 mai 1977 (transcription de l’enregistrement fait par Pedro Araneda).

Sensation de menace…

« J’ai été surpris par la proximité de l’objet… Sa lumière violette, avec deux points rouges aux extrémités, s’approchait de nous… C’était comme si elle nous menaçait. Il semblait que « quelqu’un  » derrière la lumière voulait vérifier ce qu’il y avait autour du feu que nous maintenions allumé à côté du muret de pierres….. Quand on l’a étouffé avec les couvertures, l’objet lumineux s’est retiré et a atterri sur une colline.. « .

Déclaration de Valdés à l’enquêteur amateur Pedro Araneda, 25 avril 1977.

Une expérience maléfique…

« J’ai l’impression – c’est pourquoi je dis que l’hypnose, Pedro, va clarifier beaucoup de choses pour moi – et j’ai l’impression qu’ils n’étaient pas bons (…) si ces êtres étaient bons, je n’aurais pas dû ressentir de la panique, de l’angoisse, de la crainte et avoir tout ce qui est venu après, c’est-à-dire cette question,… qui m’a toujours inquiété ». Armando Valdés, 16 juin 1999.

Une blague…

« Vous voulez savoir la vérité ? Je n’ai jamais été enlevé ! »  . Armando Valdés, 25 avril 2002. Entretien téléphonique avec  le journaliste Carlos Vergara, de Las Últimas Noticias. La déclaration inattendue de Valdés a été publiée pour la première fois en 2008 par un magazine espagnol, avec un article de Alejandro Agostinelli et Diego Zuniga.  » 30 años después, el cabo Valdés confiesa: ‘No fui abducido’ « . Revista Más Allá de la Ciencia Nº 234, 2008.

“À un moment donné, j’ai pensé arrêter la comédie et dire « Les gars, je plaisante », mais j’étais choqué de les voir si effrayés ». Entretien avec Patricio Abusleme, 24 avril 2002.

 

Raúl Salinas Vasquez le plus accessible des témoins de l’observation des lumières d’origine inconnue près de Putre, photographié par l’auteur lors d’une entrevue le 12 septembre 2006.

Salinas affirme être contacté par des entités ultraterrestres depuis son expérience à Pampa Lluscuma (archive de l’auteur).

 

 

 

 

 

 

Les derniers chapitres du livre présentent de nombreux autres « volets » significatifs du dossier « Cabo Valdés », que nous ne développerons pas ici. L’auteur rend un hommage appuyé au chercheur Jacques Vallée, qui a découvert dans les archives d’Allen Hynek un document classifié le « Pentacle Memorandum » qui révèle les « procédures » de programmes secrets de désinformation conçus et mis en application par les services de renseignement de l’armée américaine à partir des années cinquante.  J’ai interrogé à ce propos un grand expert américain, qui est une grande dame en l’occurrence, le Dr. Irena Scott, un des meilleurs spécialistes sur la base Wright Patterson, cœur du Projet Blue Book et sur l’Institut Battelle, très peu connu du grand public. Un article sera publié ultérieurement sur ce dossier fort « technique ».

On découvre également le cas d’enlèvement présumé du jeune Luis Quevedo Lazarte, en juin 1974 et dans la même région. Le cas de l’OVNI de Putre n’est en effet pas un cas isolé dans le Chili des années 70….

Enfin, n’oublions pas le témoignage « galactique » de Pedro Salinas, un des sept conscrits qui étaient sous les ordres du caporal Valdés pour cette nuit de garde aux écuries de Pampa Lluscuma. Pedro Salinas est le seul des huit témoins à déclarer avoir vu un être humanoïde de très grande taille pendant la Nuit des Sentinelles. Plus saisissant encore, il affirma voir été contacté par des Extraterrestres huit ans plus tard, une femme ET du nom d’Amalia, et avoir été transporté à plusieurs reprises jusqu’à une planète-Licorne qui serait situé au cœur des « Trois Marias » c’est-à-dire dans les profondeurs du Baudrier d’Orion.. 

Les explications tardives de Valdés paraissant si confuses, je préfère conclure avec quelques mots des soldats eux-mêmes, sept recrues d’un vingtaine d’années, enregistrés à la caserne de Putre par Pedro Araneda dans la matinée du 25 avril 1977..

[SOLDAT : Quand il est arrivé, quand nous l’avons soutenu, quand nous l’avons porté, quand il allait tomber, nous l’avons pris, nous l’avons laissé au (feu de camp) … Et nous l’avons touché, comme ça, et nous lui disions « Mon caporal Valdés, mon caporal Valdés ! » Et il ne réagissait pas, « Laissez-moi, laissez-moi ».

SOLDAT : « Laissez-moi partir ! Ne me faites rien ! Ne me touchez pas ! ». Puis, un peu plus tard, il s’est tu pendant un moment et s’est mis à rire. Un rire comme diabolique.

SOLDAT : Voilà, comme s’il était fou, quelque chose comme ça.

SOLDAT : « Vous ne me connaissez pas… ».

SOLDAT : « Vous ne me connaissez pas, vous ne savez pas d’où nous venons… mais nous reviendrons... ».

SOLDAT : « … mais je serai bientôt de retour ».

SOLDAT : « … mais nous serons bientôt de retour », des choses comme ça.]

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Le livre est d’une grande richesse et rigueur, et plein de rebondissements inattendus. A titre personnel, je dirai que l’enquête de l’auteur est un « coup de maître ».

 

Extrait de l’introduction de l’auteur

 (…). Étant donné que personne n’avait jamais mené d’enquête journalistique approfondie et que les informations documentaires existantes sont éparpillées dans une vingtaine d’articles de journaux et de magazines publiés sur une période de 30 ans, je me suis donné pour mission, en avril 2002, d’effectuer des recherches approfondies sur l’incident. J’avais pris connaissance du cas pour la première fois, de manière assez détaillée, pendant mon adolescence, dans le livre Secuestrados por extraterrestres de feu l’écrivain, traducteur et homme de lettres catalan Antonio Ribera y Jordá, qui a consacré un chapitre à l’épisode chilien.

(…). Ce livre vise donc à remplir un double objectif : être une sorte de recueil où toutes les informations pertinentes publiées dans la presse sur l’incident sont à la disposition de chacun, tout en mettant en lumière de nouvelles révélations et des aspects pratiquement inconnus de l’affaire. J’ai donc divisé le texte en quatre parties.

Dans la première, je relate les événements tels qu’ils ont été rapportés en 1977, en m’appuyant largement sur les coupures de presse originales. Dans la seconde, je me concentre sur la personne d’Armando Valdés, en révélant ce qui lui est arrivé après l’incident OVNI et quelle est sa version actuelle de ce qui s’est passé pendant la nuit des sentinelles. Dans la troisième partie, j’ai étendu le champ d’investigation en interrogeant certains des ex-appelés témoins de l’observation OVNI avec Valdés, ainsi que d’autres anciens militaires et journalistes qui ont eu connaissance de l’histoire quelques heures après la rencontre avec les lumières de Pampa Lluscuma. Dans cette deuxième édition, j’ai également inclus deux nouveaux chapitres. Dans l’un, je révèle des aspects inédits d’une régression hypnotique à laquelle Armando Valdés a été soumis, et dans l’autre j’examine la possibilité que l’incident ait pu être un coup monté. Finalement, dans la quatrième partie, je termine la monographie par une brève évaluation du cas sur la base des témoignages recueillis (…).

 

Préface à l’édition française :

Le 25 avril 1977, un caporal de l’armée chilienne dirige une patrouille de huit hommes dans les Andes, de jeunes recrues non aguerries, dans le secteur de Putre. Il s’agit d’un village modeste situé à 3500 mètres d’altitude sur l’altiplano chilien. Autour, la cordillère, peu de végétation, quelques lamas et un paysage à couper le souffle.

Lorsque les soldats observent des lumières suspectes dans le ciel andin, le caporal décide de s’avancer vers elles et ordonne à ses hommes de rester en arrière. Il disparaît à leurs yeux derrière le sommet d’une colline. Au bout d’un moment, les soldats appellent leur caporal. Il n’est plus là pour leur répondre.

Une quinzaine de minutes plus tard, il réapparaît, tremblant, les yeux « exorbités » et surtout, selon les témoignages, avec une barbe de plusieurs jours alors que, comme ses camarades, il suivait à la lettre le règlement imposant comme dans toute armée un rasage quotidien.

Rapidement, l’information se diffuse par le bouche à oreille puis les médias s’en emparent. D’abord au Chili, les journaux locaux, puis les médias nationaux, et enfin toute l’Amérique et le monde entier.

Patricio Abusleme s’est donné pour objectif de vérifier les faits et d’éclairer les zones d’ombre. Après un travail d’investigation colossal, il nous présente ici une nouvelle perspective, une vision fouillée d’un cas ancien, complexe, qui n’a jamais trouvé son explication.

Diego Zúñiga a écrit au sujet de ce livre : « Excelente, Pato. […] Este libro es una clase de periodismo e investigación. Felicitaciones. » « Excellent, Pato. […] Ce livre est un cours de journalisme et d’investigation. Félicitations. » (…).

José Antonio Caravaca, un autre ufologue, espagnol cette fois, auteur de nombreux ouvrages sur le phénomène OVNI, dont le célèbre Distorsión, a quant à lui qualifié le travail effectué par Patricio Abusleme de « magnifique ».

Le dossier du caporal Valdès, documenté comme il l’est maintenant grâce aux efforts de Patricio Abusleme Hoffman soutenu et aidé par plusieurs de ses « compadres », a sa place dans le « panthéon » des cas les plus célèbres d’enlèvements supposés, tels que celui d’Antonio Villas Boas au Brésil (1957), de Betty et Barney Hill aux États-Unis (1961), de Calvin Parker et Charles Hickson à Pascagoula (États-Unis) en 1973, ou encore celui de Travis Walton, toujours aux États-Unis en 1975.

(…) Le caporal Valdès a-t-il ou n’a-t-il pas été abducté ? Y a-t-il véritablement eu une observation d’OVNI le 25 avril 1977 dans la cordillère des Andes ? À chacun de se faire son opinion.

Thierry Gaulin, décembre 2023.

Thierry Gaulin est un chercheur et auteur français, président de l’association OVNI-Languedoc (Montpellier). Il est l’auteur de « OVNIs en Méditerranée », Editions l’œil du Sphinx, avril 2021

https://www.ovni-languedoc.com/

Lectures critiques :

« Exhaustif. C’est un excellent travail et j’aimerais que tous les cas soient aussi bien documentés ».

SALVADOR FREIXEDO, ufologue et auteur espagnol

« Patricio Abusleme est le premier journaliste qui, à partir d’une profonde honnêteté intellectuelle, avance dans une patiente recherche de réponses dans la voix de chacun des protagonistes de la célèbre affaire. Le résultat est impeccable pour l’historien des mythologies contemporaines, mais c’est aussi une joie pour ceux qui apprécient les histoires bien racontées. Si seulement nous avions un livre comme celui de Patricio pour chaque cas classique d’ufologie dans le monde ».

ALEJANDRO AGOSTINELLI, journaliste et auteur argentin

« L’enquête la plus sérieuse et la plus documentée de toutes celles qui sont disponibles. Écrite avec une honnêteté sauvage qui met en lumière le dur, le mûr et le pourri d’un sujet qui continue à faire partie des obscurités les plus insondables de l’imaginaire contemporain. Une lecture divertissante.

JORGE BARADIT, écrivain et romancier chilien, auteur de Historia Secreta de Chile (Histoire secrète du Chili).

« Il est certain que lorsque l’affaire Valdés sera évoquée, ce livre sera la référence obligée. Il va bien au-delà de ce que j’attendais.

ANTONIO FLORES, ancien officier militaire chilien et expert direct de l’affaire de la Pampa Lluscuma.

 

« La noche de los centinelas est l’enquête journalistique la plus complète jamais écrite sur le cas du caporal Armando Valdés, le cas OVNI chilien le plus connu au niveau international. Patricio Abusleme a réalisé avec ce livre ce que personne n’avait jamais fait auparavant : non seulement il a interviewé pratiquement tous les témoins pertinents, mais il s’est également rendu sur les lieux des événements avec le protagoniste principal et a reconstitué, presque comme un détective, ce qui s’est passé au petit matin de 1977. La noche de los centinelas est, sans aucun doute, l’un des meilleurs livres ufologiques et journalistiques publiés au Chili. 

Diego Zúñiga, journaliste et ufologue chilien.

Portrait Diego Zúñiga. Crédit Christian Bourgeois Editeur

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FOCUS 12│L’ETRANGE DISPARITION DU CAPORAL VALDES – YouTube

https://www.youtube.com/watch?v=pL4C_VxrCUs

https://www.youtube.com/watch?v=pL4C_VxrCUs

Interview complète de Armando Valdés avec Pablo Honorato pour la chaîne Canal 13, 16 mai 1977. 

https://www,youtube.com/watch?v=312B5QgGVpU

La rencontre OVNI à Pampa Lluscuma

Restitution graphique par Oliver Castillo Laurie (Archives de l’auteur)

 

Couverture du livre de Antonio Ribera, « Secustrados por extraterrestres », janvier 1984

Couvertures des deux livres de Patricio Abusleme. Ovnis en Chile, Terra Incognita, Juin 2021 – La Noche de los Centinelas. Terra Incognita, Mai 2021. (Transmis par Didier Gomez, traducteur du livre).

À propos de l’auteur

Patricio Abusleme Hoffman est né à Santiago du Chili le 7 octobre 1976. Il a fait ses études primaires et secondaires au Colegio San Pedro Nolasco de Santiago et a découvert sa passion pour les mystères, l’ufologie et le paranormal dans la bibliothèque de son école alors qu’il était encore enfant.

Après avoir obtenu son baccalauréat, il a étudié à l’école de journalisme de la Pontificia Universidad Católica de Chile, où il a obtenu un diplôme de journaliste et d’information sociale en 2000.

Il a commencé sa vie professionnelle en tant que journaliste d’actualité et de science et technologie au journal La Tercera. Il a ensuite quitté son pays pour travailler au journal El Nuevo Herald à Miami, puis a vécu pendant deux ans dans la Silicon Valley, en Californie, où il a temporairement troqué le journalisme pour travailler dans des entreprises technologiques.

Ses liens avec la communauté ufologique chilienne remontent à 1995, lorsqu’en tant qu’étudiant universitaire, il a pris contact avec quelques chercheurs locaux et s’est joint à quelques groupes pour une brève période.

Patricio Abusleme vit à Santiago du Chili avec sa femme et ses deux garçons.