Livre JUNE CRAIN, l’Air Force et les OVNIs: Présentation par Jean Librero, responsable Flying Disk France

par Jean Librero

Quelques mots de l’éditeur Jean Librero sur le livre June CRAIN, l’Air Force et les OVNIs

Date de mise en ligne: 24 février 2022

         En 1993, la petite ville d’Ocean Shores, dans l’Etat de Washington, sur la côte Pacifique, accueillait l’ufologue James Clarkson pour une conférence ouverte au public dans les locaux la bibliothèque municipale. On comprend aujourd’hui que cette modeste opération de sensibilisation au sujet OVNI fut l’occasion et le début d’une extraordinaire divulgation sur « le secret le mieux gardé ».

         June Crain, une veuve sexagénaire qui travaillait pour la bibliothèque, eut ce soir-là un entretien privé avec le conférencier au terme de son exposé. Les échanges postérieurs s’étirèrent sur plusieurs années et en 1997, au moment de la parution du rapport de l’Air Force, « Roswell : Case Closed », June s’est enfin décidée à confier intégralement son témoignage, au mépris des serments de confidentialité passés près de cinquante ans auparavant.

June Crain avait été employée sur la base aérienne Wright Patterson entre 1942 et 1952, une période décisive dans la mise en place du secret militaire sur le phénomène ovni. Le témoignage de cet « insider » dans le livre de James Clarkson lève le voile sur des aspects totalement méconnus et saisissants de la « gestion du secret » sur cette base qui fut le siège du projet Blue Book.    

James Clarkson a été depuis la fin des années 90 un collaborateur de Donald Schmitt et Tom Carey dans l’enquête de plus de vingt ans sur l’incident Roswell, qui a donné lieu à plusieurs livres, le plus important étant Witness To Roswell paru en 2007.

Son livre Tell My Story (objet de la présente traduction) est cité de nombreuses fois dans Witness To Roswell ainsi que dans la volumineuse étude Inside The Real Area 51 , livre paru en 2013, qui est une « somme » passionnante sur les secrets de la base Wright Patterson, jusqu’aujourd’hui peu connue du public français.

         L’auteur rappelle que l’élément déclencheur dans la divulgation de June Crain a été l’infâme rapport de l’Air Force « Roswell : Case Closed » paru en 1997, au moment du cinquantenaire de Roswell et peu après la vague des Lumières de Phoenix (mars 1997). Coïncidence significative ou « providentielle » : la thèse grotesque de l’Air Force était que les témoins (d’insignifiants fermiers et « ranchers » du désert du Nouveau-Mexique) avaient cru voir des corps d’extraterrestres dans ce qui n’était que des « mannequins de parachutes d’essai ».

Une telle malhonnêteté et surtout une telle grossière maladresse de la part de l’Air Force se passe de commentaire en soi. Le témoignage devient plus saisissant quand on découvre que June Crain, qui n’était qu’une secrétaire dactylo ( « clerk ») sur la base entre 1942 et 1952 (quoique titulaire d’une « Q Clearance », habilitation sécuritaire supérieure), était précisément affectée à la Division des Parachutes.

En l’occurrence, l’auteur James Clarkson, au cours de ses recherches, a découvert que l’ingénieur désigné par June Crain comme le chef de la Division des Parachutes, était en effet un ingénieur d’origine allemande exfiltré dans l’Opération Paperclip, et qu’il était l’auteur d’une étude de référence, la « Bible » des parachutes selon June Crain. Theodor W. Knaecke avait par la suite fait une très brillante carrière dans les plus grandes firmes aéronautiques américaines.

Dans une biographie retrouvée par James Clarkson, on découvre l’étendue des applications des techniques de parachute, y compris dans le domaine aérospatial (récupération de capsules et autres engins spatiaux). Ainsi, entre 1962 et 1976, Knaecke était directeur du personnel technique pour la Northrop Corporation. A ce titre, ses responsabilités couvraient tous les domaines de la récupération des missiles, y compris celles des modules Gemini, Mercury et Apollo. De tels états de service corroborent puissamment le témoignage de June, qui par ailleurs est confirmé par les certificats militaires de June elle-même.

En effet, toutes les affectations, état de missions, promotions, accréditations sécuritaires de June Crain ont été en bonne et due forme transmis et validés par les National Archives aux Etats-Unis.

De plus, June ne possédait aucune documentation sur ces domaines scientifiques, et les documents en ligne autour de Knaecke et la Division des Parachutes n’existaient pas en 1997, quand June a été interviewée par l’auteur.

June est donc particulièrement qualifiée pour certifier que les mannequins d’essai de parachute n’étaient en 1947 que de fragiles structures en balsa et en aucune mesure les mannequins exhibés par l’Air Force (et qui dans tous les cas ne coïncident en rien aux descriptions circonstanciées et concordantes des dizaines de témoins, civils ou militaires, qui ont pu à un moment ou un autre, à Roswell ou pendant les phases d’évacuation (probablement à destination de Wright Patterson) entrevoir ou examiner les corps des entités non terrestres.

L’incident Roswell, survenu pendant la période d’affectation de June, est évoqué dans une des sections de l’interview. Je ne dévoilerai pas ici ces éclairages captivants. Par contre, il est tout aussi instructif que des crashs d’ovnis moins connus sont directement ou indirectement « évoqués » ou désignés par recoupements. June indique qu’au moins trois crashs avaient été commentés dans sa Division sur la base Wright Patterson dans la période 1942-1952. Selon elle, il est probable que l’un d’eux soit le crash de Roswell en juillet 1947. Mais il est tout aussi précieux que soit signalé par l’auteur le crash de Cape Girardeau en 1941, survenu peu de temps après l’arrivée de June Crain sur la base.

Je rappelle ici que Flying Disk France a publié en 2021 le livre de Paul Blake Smith « MO41 : Un Crash d’OVNI au Missouri en 1941 ». J’invite bien sûr les amateurs à consulter prendre connaissance de l’étude de Blake Smith, pour plus de recoupements. James Clarkson rappelle lui-même l’importance des Majestic Documents pour comprendre les secrets de cette période, et le livre MO41 contient précisément de nombreux extraits de ces documents, parmi lesquels le fameux White Hot Report du général Twining en septembre 1947, destiné au président Truman. Le général Nathan Twining, qui finit sa carrière comme chef d’Etat Major de l’Air Force, était en 1947 le chef de l’Air Material Command sur la base de Wright Patterson.

Pour comprendre la « concordance » (au moins temporelle) entre la confession de June en 1997 et la sortie la même année du rapport de l’Air Force, Gildas Bourdais évoque dans son texte d’introduction l’infâme manipulation qu’a été le pseudo débat télévisé en 1997 autour du présentateur David Pujadas. Inutile donc de forcer le trait ici. June a parlé en 1997 pour s’opposer à et mettre fin au silence, et à la désinformation pratiquée par les militaires depuis cinquante ans.

La préface de Tom J. Carey, expert sur l’incident Roswell et sur « Wright’Pat », nous éclaire sur le rôle central de cette base stratégique située à Dayton, en Ohio. Cet éclairage puissant met en relief la valeur et les implications du témoignage de June Crain, décédée en 1998, peu de temps après s’être confiée à l’enquêteur James Clarkson, qui était alors directeur du MUFON pour l’Etat de Washington.

Pour conclure, je me bornerai à rappeler le témoignage du sénateur Barry Goldwater, qui figure dans le livre Inside the Real Area 51, sur sa visite à Wright Patterson et ses échanges avec le général Curtis LeMay, un des principaux chefs de l’Air Force.

Le sénateur Goldwater, qui était alors président d’une importante commission du Sénat pour les affectations budgétaires aux programmes militaires, avait demandé au général Lemay qu’il lui donne accès à la fameuse « Blue Room ». Ce site était un hangar souterrain très secret sur la base Wright Patterson, où étaient conservés les principaux artefacts extraterrestres récupérés sur plusieurs sites de crash d’ovnis.

Selon Tom Carey, les échanges ont eu lieu entre 1963 et 1965, à une époque où Lemay était le chef d’Etat-Major de l’Air Force (et antérieurement chef du Strategic Air Command). Le général LeMay avait sèchement menacé le sénateur de le faire arrêter pour atteinte à la sécurité nationale s’il se risquait encore à aborder ces sujets « secret défense ». Par la suite, Barry Goldwater avait émis l’opinion que ces secrets seraient probablement à jamais inaccessibles pour le public. Ces détails sont relatés dans un chapitre « The Blue Room » du livre Witness To Roswell.

Une dernière question : Que dirait aujourd’hui le sénateur Goldwater s’il était encore de ce monde et pouvait prendre connaissance du témoignage d’une femme courageuse, qui a défié la censure ? Merci June Crain.

Jean Librero

Février 2022

 

Vue de la base Wright Patterson, Ohio, en 2000.

Crédit : United States Geological Survey)