préface au livre OVNIS en Roumanie: témoignage d’un ufologue français

par Jean Librero

21 Mai 2020

Lien Amazon, pour commande du livre OVNIS en ROUMANIE de Dan D. Farcas. Flying Disk France, Février 2020

Edition en langue anglaise, UFOs over ROMANIA, Flying Disk Press, 2017

Au moment où j’ai voulu traduire le livre de Dan D. Farcas, en Octobre 2019, je n’avais pas pleinement pris la mesure de la contribution des chercheurs roumains à l’échelle de l’ufologie « en Europe ». J’avais croisé plusieurs années auparavant le titre du livre de Ion Hobana dans les rayons « livres d »occasion » de quelques librairies spécialisées bien connues, mais j’ignorais par exemple que Ion Hobana avait à plusieurs occasions voyagé en Europe occidentale avant la chute du Mur de Berlin, à titre d’expert européen sur la littérature de science-fiction, entre autres spécialiste de l’oeuvre de Jules Verne. Ces voyages avaient donné l’occasion à cet ufologue de la première heure de tisser des liens avec des personnes et des groupes privés d »enquêtes ufologiques dans plusieurs pays, entre autres en France, Belgique et aux Pays-Bas. Son livre, Les OVNIs en URSS et dans les pays de l’Est (Robert Laffont, 1976) traduit du roumain en français, anglais et néerlandais,  dès sa sortie avait catalysé l’intérêt pour les manifestations du phénomène par-delà les frontières de la « Guerre Froide ». Apres 1990, Ion Hobana avait continué à voyager, et un ufologue parisien bien connu et discret me montra à titre privé une photo prise dans un restaurant parisien, où l’on voit Ion Hobana entouré de plusieurs enquêteurs français. C’est en présentant mon projet aux membres de l’association SCEAU, groupe national d’archives ufologiques, que j’ai pris connaissance de ces « strates historiques », et appris qu’un organisme belge bien connu également avait consacré un numéro intégral à ce auteur (Inforespace N°23, octobre 1975).  C’e fut grâce à mes échanges au Sceau que je fus mis en relation avec Didier Charnay, membre de cette association, et qui avait longtemps résidé en Roumanie, où il avait bien entendu connu Ion Hobana, ainsi que la plupart des enquêteurs roumains, y compris bien sûr Dan D. Farcas, qui succéda à Hobana à la tête du principal organisme ufologique de ce pays. Il a accepté avec enthousiasme de contribuer à cette publication, et son témoignage plein de relief, en tant que récit de vie, éclaire puissamment ce volet de l’ufologie en Europe. Nul doute que ce texte sensibilisera les lecteurs. Merci à lui. J.L.

Préface à l’édition française
Les ovnis et la Roumanie, deux de mes passions qui se rencontrent dans ce livre enfin traduit en français. L’ufologie roumaine est très peu connue dans le monde, et les grands cas roumains ne nous sont

parvenus en français qu’à travers quelques rares articles dans des revues comme LDLN, ou bien dans ma propre revue «Ufo Log» dans laquelle j’ai eu l’honneur de publier quelques articles des ufologues
roumains Emil Strainu, avec qui je correspondais, et Ion Hobana que je rencontrais à chacun de mes passages à Bucarest.
Pour ce qui est des livres, il y a bien sûr «Les O.V.N.I. en U.R.S.S. et dans les pays de l’Est» de Ion Hobana et Julien Weverbergh, paru en 1976 chez Robert Laffont, et dont un chapitre traite de la Roumanie.
Paradoxalement, cet ouvrage paru originellement aux Pays-Bas en 1972 n’a jamais été édité en Roumanie. Il faut signaler que l’ufologie en Roumanie est relativement tardive et peu développée à cause des
particularités du pays longtemps dirigé par les communistes. Elle ne débute qu’avec la grande vague de 1968 où les ovnis font enfin parler d’eux dans les médias roumains.
Ion Hobana qui publiait déjà quelques articles dans la presse, se penche davantage sur le sujet où il est rejoint par quelques autres pionniers. Un éditeur profite de cette médiatisation pour traduire en roumain en 1969 le livre de Franck Edwards «Soucoupes volantes, affaire sérieuse» qui touche un assez large public. Un ouvrage d’Erich Von Daniken est également traduit en 1970. Ion Hobana, en collaboration avec Julien Weverberg, publie en 1971 «OZN o sfidare pentru ratiunea umana» [Ovnis, un défi pour la raison humaine]. Ces deux auteurs écrivent également deux livres en 1972 pour publication au Pays-Bas, dont celui traduit en
français. Ion Hobana, de plus en plus actif, avait créé un groupe d’étude de 1971 à 1974 à Bucarest, «Cercul Stiintific OZN» [Le cercle scientifique ovni]. Parmi les pionniers, Florin Gheorghita fait paraître le livre «OZN, o problema moderna» [Ovnis, un problème moderne] en 1973, et Calin N. Turcu lance un groupe nommé RUFOR (Romanian UFO Researchers) en 1977, et publie 27 numéros d’un bulletin ufologique entre 1979 et 1986. On peut donc dire que l’ufologie en Roumanie est vraiment active à cette époque, mais si le régime communiste n’est pas totalement  hostile à l’ufologie, l’élection en 1974, par l’organe législatif
communiste, de Nicolae Ceausescu à la présidence de la République Socialiste de Roumanie, la mise en place d’un régime totalitaire de plus en plus répressif et la peur de la police politique secrète «La
Securitate» poussent les ufologues à se taire, s’isoler ou œuvrer dans l’ombre. On peut simplement relever encore la traduction d’un livre de J. Allen Hynek en 1978, et quelques rares livres d’auteur roumains au
début des années 80 comme Virgil Scurtu, Dan Apostol, et un certain Dan D. Farcas.

Ceausescu, de plus en plus tyrannique, affame la population avec des projets pharaoniques dédiés à sa seule gloire. L’ufologie est alors totalement occultée en Roumanie à cette époque.
À la chute du régime Ceaucescu en décembre 1989 après des années de misère, la Roumanie découvre l’économie de marché avec ses avantages et ses inconvénients. L’inflation est galopante et la population est écartelée entre d’un côté une vie frustre où l’eau (non potable) ne coule des robinets que quelques heures par jour et où l’on se déplace en charrettes tirées par des chevaux ou en bus, et de l’autre côté la modernité des pays occidentaux qui flairent l’ouverture d’un nouveau marché porteur.
C’est en 1992 que je découvre la Roumanie, et je m’en suis pris de passion au point que j’y suis retourné de très nombreuses fois, et que j’y ai vécu pendant plus d’un an après y avoir rencontré mon épouse.
L’évolution du pays est fulgurante dans les années 90. L’ouverture se fait aussi dans les domaines artistiques et intellectuels qui ne sont plus sous la domination communiste. L’ufologie roumaine renaît alors et
pléthore de livres ufologiques sortent à partir de 1991, pour atteindre des sommets à la fin des années 90. Beaucoup d’auteurs roumains se lancent dans l’aventure en reprenant des sources américaines, on
traduit des livres étrangers et surtout américains, mais quelques ufologues roumains, surtout les pionniers, publient leurs propres analyses.
On peut citer parmi les auteurs les plus prolifiques Dan Apostol, Calin N. Turcu, Emil Strainu, Florin Gheorghita, Ion Hobana et Dan D. Farcas. Calin N. Turcu relance même son association RUFOR, et publie 21 nouveaux numéros de sa revue entre 1994 et 1996. Ion Hobana, avec d’autres passionnés comme Dan D. Farcas, lance en 1998 l’association ASFAN (Asociatia pentru Studiul Fenomenelor Aerospatiale Neidentificate) [Association d’étude des phénomènes Aérospatiaux Non-identifiés] basée à Bucarest et dont il devient président. La même année, d’autres ufologues créent le RUFON (Romanian UFO Network).
L’engouement des années 90 se tasse un peu au milieu des années 2000. La Roumanie est entrée dans l’Union Européenne le 1er janvier 2007. J’étais à Bucarest pour le discours du président de la République
et les feux d’artifices pour fêter l’entrée du pays dans une ère nouvelle, après être allé saluer Ion Hobana comme à chacun de mes passages dans la capitale. L’ufologie continue de se développer, mais elle est
relativement boudée par le grand public. On retrouve peu de livres ufologiques dans les librairies, un peu plus chez les bouquinistes, aucune revue ufologique, seulement des articles dans les revues principalement spécialisées dans les mystères et le paranormal, et beaucoup d’informations sur internet. Au décès de Ion Hobana en 2011, c’est Dan D. Farcas qui est devenu président de l’ASFAN.
J’ai eu l’honneur de rencontrer Dan D. Farcas chez lui à Bucarest il y a quelques années, car je cherchais la tombe de Ion Hobana que je n’avais pas trouvé lors d’un précédent voyage. Dan m’y a conduit avec Sorin Hobana, le fils de Ion et l’un des plus importants journalistes sportifs du pays. C’est donc avec un immense plaisir que je signe la préface de ce livre qui présente enfin en français la richesse de l’ufologie roumaine.
Didier CHARNAY
– Responsable de la newsletter «Ovnis Médias News» sur l’actualité ufologique dans les médias francophones et les manifestations. Envoi gratuit par mail environ une fois par mois, abonnement sur simple demande à didiercharnay@ufolog.org
– Directeur de la publication de «Ufo Log» (le fanzine de toutes les tendances ufologiques), 25 numéros parus dont plusieurs articles sur l’ufologie en Roumanie par Emil Strainu et Ion Hobana. Revue en
sommeil depuis 2011, mais son retour est prévu en 2020. Voir www.ufolog.org
– Co-auteur et coéditeur avec François Haÿs du livre « Le Guide des Livres Ufologiques Francophones, 1951-2005

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Couverture livre de Ion HOBANA, OVNIS en URSS et dans les Pays de l’Est (1976)