Première partie de l’interview du général José Carlos Pereira par le magazine Revista UFO en mars 2008

par Jean Librero

Cette publication est la suite de l’article d’A.J. Gevaerd partagé il y a quelques jours. Toujours avec l’autorisation du magazine Revista UFO, voici la première partie de l’interview du général Pereira par trois membres de l’équipe de rédaction du magazine brésilien en mars 2009 à Rio de Janeiro. L’interview étant très longue, la deuxième partie fera l’objet d’un post ultérieur. 

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Ouvrir le coffre-fort

Il est difficile de prévoir exactement l’impact des déclarations de M. Pereira sur l’ufologie brésilienne, en particulier sur la campagne OVNI : Liberté de l’Information Maintenant, mais il sera considérable. Jamais auparavant un militaire de son rang n’avait parlé aussi ouvertement des OVNIs, et de rares militaires étrangers, à des postes équivalents dans les forces armées de leur pays, ont été sur le point de répéter son geste. Cela a encouragé le magazine Revista UFO à essayer d’établir des contacts avec des militaires de même envergure dans la Marine et dans l’Armée de Terre, afin de leur demander le soutien dont les ufologues brésiliens ont besoin pour atteindre leurs objectifs. Peu à peu, nous empruntons ce chemin qui mènera un jour le Brésil à la liberté d’information sur les OVNIs, lorsque les autorités n’auront plus peur de reconnaître ouvertement que nous ne sommes pas seuls dans l’univers. Uyrangê Hollanda a apporté sa contribution, et à présent José Carlos Pereira le rejoint. Qui sera le prochain ?

Général , vous êtes le haut gradé militaire brésilien qui s’est le plus exprimé dans la presse à propos des OVNIs, vous avez donné plusieurs interviews, presque toujours de manière très ouverte, très naturelle. Quelle est votre position sur la question ?

Gén. Pereira : Je pense que c’est une question de conviction personnelle. Je défends la thèse selon laquelle il ne peut pas et ne doit pas y avoir de sujet interdit pour l’humanité. Un sujet, aussi extravagant et bizarre qu’il puisse paraître, doit toujours être analysé et soumis à enquête. Que cela soit dit par Galilée, par Copernic ou par d’autres scientifiques. Je ne pense donc pas que les êtres humains ou quelque institution que ce soit aient le droit de fermer les portes pour discuter de n’importe quel sujet, qu’il soit scientifique, politique, social ou religieux. Même pas pour l’ufologie, que je classe dans le domaine de la science. C’est une opinion personnelle que je maintiens jusqu’à aujourd’hui.

Revista UFO : Pour garder cette posture ouverte, avez-vous eu une expérience OVNI, c’est-à-dire l’observation d’un objet quelconque que vous pourriez considérer comme échappant à une explication ordinaire ? En tant qu’aviateur, depuis 40 ans, j’ai fait le tour du monde en avion et j’ai vu beaucoup de choses, mais toutes avec une explication scientifique. Je vais vous donner un exemple : quiconque a vécu l’expérience de voir le coucher de soleil à 40 000 pieds [environ 13 km] sur une couche de cirrus, sait que c’est une chose merveilleuse, qui forme un reflet vert à l’horizon. Il y a donc des choses fantastiques, mais avec une explication immédiate. Quiconque s’y connaît un peu en aviation et en météorologie peut le comprendre sur place. Si vous ne le connaissez pas, vous pouvez le consulter plus tard et vous trouverez l’explication. Ainsi, j’ai eu de nombreuses visions étranges, toutes expliquées scientifiquement. Mais il y a des choses pour lesquelles je n’ai pas encore d’explication scientifique, soit par ignorance ou par méconnaissance, soit parce que la science n’est pas encore parvenue à les clarifier. N’en doutez pas : s’il y a quelque chose d’inexplicable aujourd’hui, un jour ce ne sera plus le cas. Que cette explication se rapporte à une nature terrestre ou non.

Je suis à l’entière disposition des ufologues de Revista UFO et cela me fera plaisir de les aider à tout moment (…) J’ai toujours respecté le travail de cette publication et je souhaite contribuer au mouvement qu’elle anime, visant la liberté de l’information ufologique dans le pays (…) Chaque fois que je le peux, j’achète la publication dans les kiosques de Brasilia.

Avez-vous des parents, des collègues ou des amis qui ont signalé des observations qui pourraient entrer dans la catégorie des soucoupes volantes ? Ecoutez, j’ai commandé de nombreuses personnes dans l’armée de l’Air brésilienne (FAB) et j’ai entendu plusieurs fois des rapports de collègues et de pilotes. « Aujourd’hui, j’ai vu quelque chose d’étrange dans le ciel », me disait-on toujours. La plupart du temps, nous nous sommes assis pour discuter et avons généralement trouvé une explication à ces observations. Mais cette question est liée à ce que j’ai dit plus tôt : Pourquoi ne pouvons-nous pas expliquer certaines choses ? C’est parce que nous ne savons pas encore ce qu’elles sont, mais un jour nous le saurons [en soulignant].

Mais tous ces phénomènes qui restent inexpliqués, que ce soit par manque de compréhension de leur nature actuelle ou future, pourriez-vous les considérer comme ayant une origine extérieure à la Terre, quelque chose qui pourrait venir de l’extérieur ? Ecoutez, il vous est difficile de faire une telle affirmation. Mais il y a des phénomènes qui sont un mystère, qui restent inexpliqués. Permettez-moi de citer un exemple : un objet qui se déplace apparemment sans propulsion et contre le vent, donne quoi penser, n’est-ce pas ?

Oui, et les soucoupes volantes font ça…  Un avion fait cela aussi, il vole contre le vent, bien sûr. Maintenant, comment expliquer qu’un ballon, qui n’a pas de propulsion propre et est entraîné par le vent, aille à son encontre ? La première étape est de savoir comment le vent souffle à l’altitude de l’objet, et c’est une donnée que nous contrôlons, grâce à la météorologie. Par exemple, je sais exactement quel est le vent à une certaine altitude et je peux estimer si le ballon va contre le vent. Ce sont des questions qui se posent et qui n’ont pas d’explication pour le moment.

Le bruit court que vous possédez la clé du coffre-fort où se trouvent les secrets ufologiques brésiliens : des documents, des photos et des films réalisés dans diverses circonstances, par des militaires servant dans différentes bases aériennes, parfois par accident, parfois dans le cadre de missions secrètes, comme lors de l’opération Prato. Que révéleraient ces secrets ? Vous voyez, je suis un homme qui travaille avec la science, qui a un cerveau très scientifique. Si vous mettez l’idée que des êtres extraterrestres sont ici, qu’ils nous rendent visite et nous observent, qu’ils font quelque chose dont nous ne savons pas exactement ce que c’est, votre thèse se heurte au bon sens va complètement à l’encontre de la raison scientifique. Oui, parce que, pour autant que nous sachions, dans notre minuscule système solaire, il n’y a aucune indication de l’existence de la vie, sauf sur Terre. En dehors de notre système, l’étoile la plus proche est Alpha du Centaure, à 4,3 années-lumière de nous. Le vaisseau Voyager, par exemple, qui est dans l’espace depuis 30 ans, mettra 93 000 ans pour s’approcher de Centauri Alpha. Il est donc difficile d’imaginer que quelqu’un ou quelque chose arrive sur Terre depuis l’extérieur du système solaire.

Connaissances actuelles

Et s’il existait une technologie beaucoup plus avancée que la nôtre ? Oui, voyez-vous, je pense avec les connaissances que nous avons aujourd’hui sur notre planète, avec les connaissances que possède notre science actuelle. C’est la concession que nous devons faire. Donc, ne considérant que cette connaissance, je nie toute possibilité que quelqu’un vienne de l’extérieur. Et cela se complique quand on va plus loin, car Alpha du Centaure ne semble pas être un système planétaire. Allons donc à l’endroit de l’univers que les astronomes appellent la « zone habitable », qui semble être à plusieurs années-lumière de la Terre. Si nous savons que le Soleil a environ 5 milliards d’années, quiconque se trouvait sur une planète dans cette zone habitable, en regardant ici dans un télescope, ne verrait que la formation du Soleil. De la même manière que, en regardant aujourd’hui une galaxie située à des dizaines ou des centaines d’années-lumière de la Terre, nous verrons des choses qui se sont produites il y a longtemps.

Pour vous, comprendre cette situation serait-il hors de notre capacité ? La question qui se pose aujourd’hui est le niveau de technologie dont nous disposons pour comprendre l’univers. Je n’exclus pas que quelqu’un ait avancé d’un milliard d’années quelque part devant nous. D’autre part, avec la technologie dont nous disposons aujourd’hui sur Terre, nous devons nier avec force la possibilité qu’une personne extérieure au système solaire ait une chance d’aller aussi loin. Mais je répète, avec humilité, que je crois que nos connaissances sont encore [en soulignant encore une fois] insignifiantes pour comprendre tout cela. Regardez ce qui s’est passé au cours des 100 dernières années, avec des découvertes allant de la pénicilline à l’avion.

Les soucoupes volantes ne représentent pas un risque pour la sécurité nationale ni un danger pour l’aviation civile et militaire au Brésil, et les dossiers correspondants devraient donc déjà être publiés.

Toutes les détections radar d’OVNI et les poursuites d’avions à réaction qui ont déjà eu lieu, dont certaines ont fuité et ont fini par tomber dans les mains de la communauté ufologique, montrent qu’ils proviennent de civilisations telles que celles que vous avez définies, c’est-à-dire qu’ils existent dans un contexte que nous ne connaissons pas, qu’ils disposent d’une technologie que nous n’avons pas encore pu comprendre. Il est certain que ces navires ne viennent pas ici en utilisant les mêmes méthodes de propulsion que celles que nous utilisons pour explorer la Lune, Mars ou Vénus. Pensez-vous que ce sujet devrait être discuté ouvertement par la société ? Non, ils n’utiliseraient sûrement pas des moteurs-fusées, comme nos vaisseaux envoyés dans l’espace. Mon opinion sur l’ufologie est que, dans un avenir très proche, elle devrait se rapprocher beaucoup plus des secteurs scientifiques fondamentaux, notamment en astronomie, astrophysique et astronautique, afin de constituer une congrégation scientifique plus cohérente. Je ne rejette même pas l’idée que la philosophie entre dans cette synthèse, avec ses concepts modernes qui cherchent à répondre aux questions auxquelles personne n’a répondu jusqu’à présent : qui sommes-nous, d’où venons-nous, où allons-nous ? Depuis Aristote, nous posons ces questions et personne n’y répond. L’ufologie, avec les disciplines citées, pourrait être une voie de réponse.

Le problème réside dans les restrictions que la communauté scientifique impose à l’ufologie, en rejetant la manifestation du phénomène. Par exemple, nous avons des astronomes qui, par manque d’information ou de bonne volonté, rejettent tout simplement les données recueillies sur les OVNI, y compris et même principalement par les militaires. En général, le problème qu’ils soulèvent est qu’il est impossible pour les vaisseaux de venir d’autres planètes vers la Terre, car ils se trouvent à des distances impensables… Je crois que ce rejet a plusieurs origines. Dans le domaine militaire, elle est due à la crainte que des informations militaires ne soient divulguées en même temps qu’un cas [ufologique]. Un exemple emblématique est la crainte qu’une certaine fréquence de fonctionnement de nos radars finisse par fuirter. En outre, même aujourd’hui, beaucoup de gens ont peur d’être ridiculisés. « Mec, ce type est fou », ils parlent de quelqu’un qui prétend avoir vu un OVNI. Oui, il y a des gens qui pensent encore cela. De la même manière qu’au moment de la vaccination, il y avait des gens qui pensaient que la vaccination était une folie. L’histoire est pleine de ce genre de choses. Je pense donc que nous devons surmonter ce rejet par une méthode presque philosophique, une méthode exigeante. Nous devons créer un antagonisme, car le progrès ne se produit que lorsque vous créez un antagonisme. C’est pourquoi la synthèse est née, c’est pourquoi la solution est née. Nous devons tolérer les astronomes qui ne croient pas aux OVNI, les militaires qui les rejettent et tout le reste. Et je pense que c’est même très bien, tant que les gens sont vraiment prêts à parler, à mettre les conflits sur la table, et de ces conflits nous pouvons tirer quelque chose de positif, qui produira une nouvelle confrontation à l’avenir. C’est la position que je défends.

Il ne suffit pas de lever le secret

Votre position, ouverte et franche, est comparable à celle de très peu de militaires brésiliens. Mais elle se heurte à la résistance de certains segments de l’armée, qui préfèrent que la question des OVNI reste sans débat. Pensez-vous qu’il est temps de briser cette résistance ? Comme Cela pourrait-il être fait ? Écoutez, je pense que le simple fait d’ouvrir les dossiers [secrets] et de les remettre à la presse ou de vous les remettre est une chose qui peut être faite demain matin sans problème. Mais je ne pense pas que cela suffise, ce n’est pas suffisant. Vous, les ufologues, pouvez même être déçus lorsque vous voyez les dossiers, parce que je pense que vous attendez des choses plus solides, et peut-être que vous ne trouverez pas ce que vous imaginez dans ces dossiers. Cependant, je pense que l’exemple du gouvernement d’ouvrir les archives ufologiques, en particulier celles provenant du secteur militaire, est quelque chose qui favorise et encourage les autres personnes qui ont peur de s’approcher de ce sujet. Je pense que dès que le gouvernement divulgue quelque chose, la peur de tout le monde s’arrête et les choses commencent à devenir transparentes. Personne n’a peur de la transparence, tout le monde a peur de ce qui est opaque. Je pense donc que l’ouverture est utile, et qu’elle a un effet très favorable sur cette discussion.

Dans une récente interview que vous avez donnée à O Globo Online, vous avez dit ce que vous venez de répéter : que les ufologues seront déçus par les enregistrements d’OVNI conservés au Comdabra. Vous avez même dit que les soucoupes volantes n’existent pas. Votre déclaration a déçu les ufologues, qui ont lancé une grande discussion sur Internet. Or, si les soucoupes volantes n’existent pas, que seraient ces archives conservées au Comdabra ? Vous voyez, ce que je voulais dire, c’est que les soucoupes volantes n’existent pas dans la mesure où il n’y a pas de données officielles explicites où se trouve la mention « voici une soucoupe volante ». C’est-à-dire un document officiel qui indique qu’il existe sous cette forme et qu’il est en place.

Le problème est donc le format ? Ou quel est le problème ? Quand on parle de soucoupe volante, on fait référence à toute une phénoménologie d’objets de formes diverses, de couleurs variées et effectuant divers types de manoeuvres, qui apparaissent en de nombreux endroits et dont on sait qu’ils ne sont pas des avions … Revenons au point de vue purement scientifique. Et nous allons le faire par le biais d’exemples, parce que cela facilite les choses. Vous voyez, jusqu’à une certaine époque en Afrique, il y avait des gens qui mouraient et tout le monde disait qu’ils étaient attaqués par un virus mortel. Mais une partie de la communauté scientifique de l’époque n’a pas accepté qu’un nouveau virus soit simplement apparu de nulle part, jusqu’au jour où un scientifique est venu avec une éprouvette et a dit : « Voici le virus ». C’était l’Ebola et la discussion était terminée ! Je veux juste dire ceci : on ne peut dire qu’une soucoupe volante existe que lorsqu’elle est dans le tube à essai, c’est-à-dire bien visible et visible pour que tout le monde puisse la vérifier. En attendant, c’est une hypothèse.

Je pense que dès que le gouvernement divulgue quelque chose, la peur de tout le monde cesse et les choses commencent à devenir transparentes. Personne n’a peur de la transparence, tout le monde a peur de ce qui est opaque. Donc, je pense que l’ouverture aide, et elle a un effet très favorable sur cette discussion (…) Tant qu’il n’y a pas de compromis de sécurité nationale.

Mais qu’en est-il jusqu’à ce que nous ayons ceci, et qu’en est-il des témoignages de milliers de personnes très crédibles qui ont eu des expériences avec des soucoupes volantes ? Eh bien, aucune crédibilité n’était plus grande que celle des morts en Afrique, juste pour continuer l’exemple donné. En tout état de cause, les différentes formes de preuves qui existent pour les soucoupes volantes doivent être prises en considération. Comme dans le travail de la police, nous avons les preuves documentaires, les témoins et les circonstances, chacun ayant son propre poids. La preuve documentaire, par exemple, a son impact, mais le témoin aussi. Quelqu’un voit-il quelque chose dans le ciel ? Super ! Mais quand 50 personnes ou plus le voient, c’est encore mieux. Surtout les personnes qui ne se connaissent pas, qui vivent dans des endroits différents, etc. C’est ainsi que les preuves testimoniales commencent à devenir beaucoup plus solides. Et enfin, nous avons les preuves circonstancielles, qui sont les plus fragiles de toutes. Nous devons séparer les trois types de preuves dont nous disposons aujourd’hui en ce qui concerne l’ufologie. Les preuves circonstancielles sont en grande quantité, tout comme les témoignages, et parmi ceux-ci, 90% reçoivent une explication scientifique. Mais les 10 % restants, non. Les preuves matérielles, en revanche, nous n’en avons aucune.

Classifieriez-vous l’événement du 20 mai 1986, dénommé Nuit officielle des OVNI au Brésil, comme une preuve circonstancielle de l’existence de soucoupes volantes ? Faites-vous référence à cette affaire qui s’est déroulée au-dessus de Rio et de São Paulo, qui a commencé avec le président d’Embraer de l’époque, Ozires Silva, à bord de l’avion du Xingu, se rendant à São José dos Campos (SP), et qui a ensuite eu le témoignage du ministre de l’aéronautique de l’époque, le brigadier Octávio Moreira Lima, qui est allé à la télévision pour rapporter ce fait ? Eh bien, à mon avis, les observations qui ont eu lieu à cette occasion sont des témoignages, des personnes qui l’ont vu.

Interception aérienne

Mais les pilotes des chasseurs envoyés par l’aéronautique pour intercepter les objets étaient très expérimentés. Oui, ils l’étaient. Il s’agit donc de témoignages, de situations où des témoins ont vu quelque chose et les scanners ont détecté cette chose. Vous voyez, un radar peut avoir des échos parasites, il peut avoir beaucoup de choses qui affectent son fonctionnement, mais quand vous avez plus d’un radar détectant la même cible, alors il est trop chaud pour ne pas être pris au sérieux [dans un certain ton]. Ces appareils fonctionnent à des fréquences différentes.

L’un des combattants qui a intercepté les objets en avait même plusieurs autour de lui, relativement proches… Vous avez là la somme des faits. Quelqu’un a vu quelque chose et le radar l’a détecté, et cet appareil n’a rien à voir avec les yeux, il est électronique. Une troisième paire d’yeux a également vu la même chose [un autre pilote], et ainsi de suite. Vous commencez donc à donner une grande crédibilité à l’événement et la situation commence à prendre de l’importance. Oui, c’est bien, mais où est l’objet ? A-t-il été capturé ? C’est là qu’interviennent les preuves matérielles, que nous n’avons pas.

La forte campagne pour la reconnaissance de l’OVNI dans le pays résulte du fait que le phénomène a été observé par un grand nombre de personnes de toutes sortes et en tous lieux

Dix jours après cette affaire, un cameraman de l’agence de publicité Mikson, de São Paulo, qui filmait de nuit au-dessus du bâtiment Banespa dans le centre-ville de São Paulo, a également enregistré un ovni sur la Serra da Cantareira. Avez-vous vu cela ?  Oh, c’est vrai. Je me souviens avoir vu le film.

Toutes ces preuves ne constituent-elles pas des preuves matérielles suffisamment solides ?  Oui, mais je veux que vous compreniez bien la réponse que j’ai donnée : je dis que la soucoupe volante n’existe pas quand on n’en a pas la preuve matérielle à ce moment-là…

Dossiers secrets

C’est vrai. Ce que nous n’avons pas, c’est l’objet, mais nous avons les récits de ceux qui l’ont vu. Général, lorsque la Commission Brésilienne des Ufologues (CBU) était au Comdabra le 20 mai 2005, nous avons été reçus par le général Atheneu Azambuja, qui nous a montré trois dossiers de cas ufologiques déposés à cette institution. Lorsque nous lui avons demandé quand le Comdabra enregistrait les OVNI, identifiés comme « trafics hôtel » par l’aéronautique, il nous a répondu que c’était depuis 1954. Ces dossiers ne contiennent-ils pas la preuve que nous sommes visités par des objets habités et manœuvrés intelligemment par des êtres non terrestres ? Eh bien, ces dossiers ne sont pas seulement au Comdabra, mais ils sont dispersés dans des casernes du monde entier. Ils prouvent que des phénomènes inexpliqués se produisent, ce qui nous amène à déduire qu’il s’agit de la présence d’êtres ou d’objets étrangers sur la planète Terre. Maintenant, classer ce que sont ces êtres ou objets étranges est une chose très imprudente, car nous n’avons aucune connaissance pour cela. Pour reprendre un exemple, c’est comme si vous aviez une maladie qui tue des gens et que vous alliez tout de suite dire qu’elle est causée par un virus ou une bactérie, et que vous décidiez de fabriquer un vaccin pour elle. C’est imprudent ! Je pense donc que l’ufologie aura encore beaucoup de travail à faire pour identifier le phénomène, et qu’elle devra également y ajouter de nouvelles disciplines.

Lors de la visite à Comdabra, il nous a été suggéré de demander la publication officielle de ces dossiers, et nous avons fait valoir que nous voulions, à l’avenir, réaliser une étude en collaboration avec l’aéronautique, en formant une équipe d’ufologues civils et militaires. Qu’en pensez-vous ? Oui, mais je dirais que vous avez besoin de plus de personnes dans cette équipe. Je pense qu’en plus des ufologues civils et militaires, il faut avoir des scientifiques, des astronomes, des physiciens, etc. C’est vrai. Vous voyez, quand on parle d’ufologues, on veut dire que parmi eux, il y a déjà des gens de différents domaines. Super, donc vous avez déjà formé cette communauté. Super ! Parce que c’est un savoir qui doit rassembler plus de gens.

En tant que militaire, même dans la réserve, vous avez un poste. Mais croyez-vous personnellement aux soucoupes volantes, à la vie sur d’autres planètes et au fait que ces formes de vie pourraient nous rendre visite ? Aujourd’hui, je suis convaincu qu’il n’y a pas de vie dans le système solaire, mais seulement sur Terre. Le dernier espoir que j’avais était cette lune de Saturne nouvellement étudiée, mais il n’y a rien là non plus. Donc, s’il n’y a pas de vie dans notre système, peut-être devrions-nous y penser dans l’autre sens. C’est-à-dire que nous, Terriens, devrons l’occuper. Le système solaire est notre arrière-cour et nous devrons découvrir comment nous pouvons vivre sur la Lune, comment nous pouvons vivre sur Saturne. Je n’en ai aucune idée, mais il y a 200 ans, personne ne croyait que l’homme pourrait un jour voler. Donc, je pense que le système solaire nous appartient et que nous devrons l’habiter, l’occuper tout entier. En dehors de cela, nous devons examiner les possibilités d’une zone habitable, comme nous l’avons déjà dit.

Vous suivez les découvertes astronomiques dans ce domaine ? Oui, et aujourd’hui, quand je vois l’astronomie se consacrer à la recherche de zones habitables, je suis très heureux. D’autant plus que les astronomes cherchent dans ces régions où il y a essentiellement une stabilité gravitationnelle, qui est une condition essentielle à la vie. Tout d’abord, cette stabilité est nécessaire pour que la vie s’épanouisse. Mais nous devons prendre en considération d’autres aspects. La vie, telle que nous la connaissons, a besoin d’oxygène, d’une chaîne de carbone et d’eau pour exister. Quand on le traite en ces termes, on parle de chimie, pas de physique. Et si nous trouvions une forme de vie devant nous qui n’a pas besoin d’oxygène, de carbone ou d’eau ? Il faudra ensuite procéder à une estimation de la situation par le biais de la physique. Vous voyez que même ici sur Terre, nous avons des microorganismes qui n’ont pas besoin d’oxygène, qu’on appelle les extrêmophiles. Nous avons aussi des poussons qui vient dans les profondeurs des océans et qui n’ont pas besoin de lumière. Cela me porte à croire que nous pouvons avoir des formes de vie et des structures chimiques complètement différents des nôtres. Or, en physique, cela ne se produit pas, car la pression, la température et la stabilité gravitationnelle doivent exister dans un environnement pour que la vie puisse y prospérer, et ces variables sont indépendantes du processus chimique qui va la générer.

Les astronomes sont-ils sur le point de découvrir la vie en dehors de la Terre ? Prenez une planète comme Jupiter, par exemple, qui est beaucoup plus grande que la Terre et a une densité quatre fois moindre. Comment allons-nous admettre qu’une telle planète puisse abriter une sorte d’être comme celui que nous connaissons sur Terre ? Et sur des mondes où la température est stabilisée autour de centaines de degrés centigrades ? Il est difficile d’imaginer, chimiquement parlant, qu’il puisse y avoir une quelconque forme de vie dans ces environnements. C’est pourquoi j’aime voir les astronomes dire qu’ils recherchent la vie dans les zones habitables d’un point de vue purement physique. Aujourd’hui, il a même été déterminé qu’il y a environ 300 planètes potentiellement habitables en dehors du système solaire. Ils doivent avoir une stabilité gravitationnelle, car la gravité ne peut pas changer à chaque fois qu’un météore passe près d’eux.

Croyez-vous que les planètes de ces zones habitables sont similaires aux nôtres ou différentes ? Je pense que certains d’entre elles peuvent être très semblables à la Terre, et qu’elles pourront y abriter une vie similaire à la nôtre. C’est-à-dire, tant qu’il y a des conditions d’habitabilité, une stabilité gravitationnelle, des chaînes d’eau et de carbone, etc.

Pour vous, est-il plausible que sur de telles planètes il y ait des civilisations qui pourraient nous rendre visite ? Eh bien, ma pensée est la suivante : nous, les humains, nous nous sommes arrachés à la Terre à bord d’un un avion il y a environ 100 ans, et en un siècle seulement, nous sommes allés sur la Lune. En termes astronomiques, on pourrait dire que 100 ans, ce n’est rien, même pas de la poussière. Donc, si dans un siècle, avec nos capacités limitées, nous réalisons tout cela… Réfléchissez maintenant : où en serons-nous dans 100 ou 1000 ans ? Personne ne peut imaginer…

La technologie ne cesse de progresser, il est possible que dans 20 ou 30 ans, tout ce que nous avons accompli jusqu’à présent soit dépassé et qu’une nouvelle technologie ait émergé… Parfaitement. Vous voyez, il y a 500 ans, Cabral arrivait sur une plage de Bahia. Et dans 500 ans, où en serons-nous ? Quiconque s’aventure à dire quoi que ce soit à ce sujet se livre à une futurologie irresponsable, car nous ne savons vraiment pas ce qui va se passer. Ainsi, si dans une zone habitable de l’univers, très probablement à l’intérieur de la Voie Lactée, quelqu’un a 500 ans d’avance sur nous, ce sera quelque chose de spectaculaire. Même si 500 ans, ce n’est pas beaucoup non plus, à l’échelle de d’univers, cela peut représenter un bond de géant. Et regardez, la Voie Lactée, notre galaxie, qui n’est pas une des plus grandes qui existent…

Il suffit d’y penser, car le bon sens nous dit qu’il doit y avoir une vie intelligente dans l’univers, même si cela n’est pas encore prouvé scientifiquement… Bien sûr. Mais si nous analysons les conditions de vie sur Terre, nous verrons que nous avons des conditions très particulières ici, qui ne se retrouveraient peut-être pas réunies sur d’autres planètes. Par exemple, la Terre est à la distance exacte du soleil pour la prolifération de la vie. On dirait même qu’il a été mis dans cette position « avec la main ». La température de notre planète est idéale et notre eau est à l’état liquide. Ainsi, une lune a été « placée » pour tourner autour de nous, ce qui régule exactement la quantité et le débit d’eau sur Terre, en maintenant les marées en douceur. Et c’est ainsi. Quelqu’un là-bas a également « mis » Jupiter dans le système, une planète gigantesque fonctionnant comme un pare-chocs, empêchant tout ce qui pourrait heurter la Terre, et encaissant les chocs éventuels.

Ufologie et philosophie

Il semble que cet ordre cosmique soit plus qu’une simple coïncidence. Si nous examinons les conditions que nous avons sur Terre et dans le système solaire, nous verrons que tout cela est très spécial. Mais penser que rien de tel ne devrait exister dans l’univers est synonyme de lâcheté. C’est pourquoi j’avais beaucoup d’espoir dans les études qui seraient faites avec le satellite de Saturne nouvellement détecté, qui pourrait avoir quelque chose de plus. Mais en fin de compte, il n’y avait rien de spécial. Mais que disent les astronomes de la vie en dehors de la Terre ? Ils ont déjà repéré des zones habitables très susceptibles de l’avoir et sont extrêmement convaincus qu’elle existe. Peut-être même dans des circonstances très similaires aux nôtres, y compris avec de l’eau liquide, dont nous savons déjà qu’elle existe ailleurs dans l’univers. C’est une étape, mais c’est aussi là que se situe le problème. Dieu a-t-il créé la planète ou était-ce un accident, une œuvre de la nature cosmique ? Tout cela relève de la philosophie.

Général, nous savons que l’aviation brésilienne mène officiellement des recherches ou des études sur les soucoupes volantes depuis 1969…  Oui, il y a eu des recherches…D’accord, merci. La date fait référence à l’année où le général José Vaz da Silva a mis en place au sein du 4e Commandement Aérien Régional (IV COMAR) le Système d’Investigation sur les Objets Aériens Non Identifiés (SIOANI). C’est un organisme officiel qui a même publié deux bulletins, l’un en mars et l’autre en août 1969, puis s’est arrêté. Je m’en souviens…

Mais pourquoi l’enquête officielle de la IV COMAR sur les soucoupes volantes n’a-t-elle pas eu lieu et pourquoi cela s’est-il apparemment terminé la même année?  Ecoutez, c’est une question très intéressante. Je n’étais pas là à l’époque et je n’ai pas fait de recherches sur ces faits. Il ne m’est pas venu à l’esprit d’examiner pourquoi ce travail était paralysé, mais je suppose que le général Vaz da Silva n’était plus en mesure de le poursuivre. Son histoire est différente [de celle de nombreux militaires]. C’était un homme qui était toujours à l’avant-garde, toujours en avance sur son temps.

Le siège de la IV COMAR à São Paulo, qui abritait le Système d’Investigation Civile sur les Objets Aériens Non Identifiés (SIOANI) a été ouvert en 1969. Le général Vaz da Silva est-il toujours en vie ? L’avez-vous rencontré ?  Non, il est décédé. Je ne le connaissais pas personnellement, mais je sais que c’était un homme très dynamique. Seuls les gens qui sont en avance sur leur temps ont généralement, d’une certaine manière, leur vie paralysée par ce temps. Et je pense que c’est même une façon de maintenir la stabilité. Mais, d’un autre côté, ce dynamisme provoque aussi un choc [avec la réalité]. J’ai l’impression que c’est pour cela que cette affaire s’est arrêtée et que SIOANI a été fermé.

Pensez-vous qu’il y ait eu une ingérence supérieure dans la création du SIOANI, ou était-ce une initiative du seul brigadier Vaz da Silva ? Je suis presque sûr que c’était le cas, qu’il y avait une décision à un niveau supérieur. Et certainement l’état-major général du général Vaz da Silva a travaillé avec lui, soutenant le projet, conseillant et mettant en place le SIOANI. Un commandant seul ne fait rien, il doit avoir un état-major derrière ses actions.

Les deux bulletins SIOANI, qui ont fini par fuiter, contenaient des descriptions de cas sur lesquels l’agence avait enquêté, y compris ceux d’OVNI avec des membres d’équipage à bord et à l’extérieur. Il s’agit d’affaires très sérieuses qui ont fait l’objet d’une enquête militaire et qui sont restées cachées. C’est le genre de documents que les ufologues veulent voir publiés. Pensez-vous qu’ils puissent être rendus publics ? À mon avis, il n’y a aucune raison de garder ce matériel secret. Il n’y a pas de raison. Je vois que votre libération n’affecte aucun des quatre critères classiques que l’armée a toujours à l’esprit lorsqu’il s’agit de secrets nationaux. Et elles sont représentées par les questions suivantes : premièrement, la publication de ce matériel fera-t-elle courir un risque de guerre pour notre pays ? Deuxièmement, cela provoquera-t-il la panique dans la population ? Troisièmement, cela mettra-t-il en danger la sécurité nationale, que ce soit par rapport à un pays sud-américain ou à d’autres ? Et quatrièmement, la publication de ces documents portera-t-elle atteinte à la vie privée des personnes qui y sont éventuellement citées ? C’est ce que nous devons garder à l’esprit. Si cela n’affecte aucune de ces questions, et que le matériel du SIOANI ne le fait pas, alors divulguez-le !

Voulez-vous dire que vous êtes favorable à la révélation de documents ufologiques produits par les militaires et gardés secrets jusqu’à aujourd’hui ?  Absolument. A moins qu’un tel communiqué n’affecte l’un des quatre points que je viens de citer. Dans ce cas, je ne pense pas que le matériel devrait être révélé. Nous devons respecter la vie privée des gens et la sécurité nationale, et nous devons préserver la paix et l’ordre. Nous ne pouvons pas non plus provoquer une guerre et un malaise avec d’autres pays. Enfin, nous ne révélerons pas nos plans à nos ennemis. À part cela, il est temps de rendre ces informations transparentes.

Une ouverture sans restriction

Pensez-vous que cela s’applique également aux documents de l’Opération Prato, menée par l’armée de l’Air au Pará, en 1977 ? Bien sûr ! Absolument ! Cela s’applique à toutes les opérations !

Étiez-vous au courant de cette opération à l’époque ? Pas à l’époque où elle a été réalisée. Ce n’est qu’alors que j’ai pris connaissance des résultats. Mais j’ai rencontré Hollanda [le colonel Uyrangê Hollanda, commandant de cette mission militaire]. Je ne vais pas dire que c’était un ami proche, parce que nous n’avons pas servi ensemble, mais Hollanda était ce grand type, mon pote, et nous nous rencontrions toujours quelque part. Il a travaillé dans le renseignement de l’Armée de l’Air comme moi, et nous avons donc continué à nous croiser. Maintenant, il y a quelque chose que je dois vous dire à propos de Hollanda. Tout d’abord, laissez-moi vous dire que je l’aimais beaucoup, mais c’était un homme très perturbé, qui souffrait beaucoup. Je ne peux pas vous dire exactement d’où venait sa tristesse, mais il était ce genre de personne qui…vit tristement. Hollanda a trop intériorisé les choses et a fini par se suicider. Je pense que c’est parce qu’il a intériorisé ses problèmes à un tel point qu’il n’en pouvait plus, et qu’il a « fermé la boîte ».

Et avant d’y parvenir, il avait fait trois autres tentatives de suicide. Oui, exactement.

Il n’y a aucune raison de garder les archives ufologiques secrètes. Il n’y a aucune raison de garder les dossiers ufologiques secrets. Le communiqué n’expose pas le pays à la guerre, ne provoque pas de panique dans la population, ne met pas en péril la sécurité nationale et n’affecte pas la vie privée des personnes qui y seront éventuellement citées. C’est ce que nous devons garder à l’esprit. Si cela n’affecte aucun de ces problèmes, alors divulguez-les !

J’ai interviewé Hollanda en 1997 avec mon co-rédacteur en chef Marco Antonio Petit. Je venais de donner une interview à Fantástico, qui parlait de documents de l’armée de l’air brésilienne, et il m’a regardé et m’a appelé le lendemain en me disant : « Ecoute Gevaerd, je suis ton travail et je sais que tu fais ce qu’il faut. Je veux dire que je suis dans la réserve maintenant, et je n’ai plus d’engagement envers l’uniforme. Donc si vous voulez venir à Rio pour m’interviewer, j’aurai beaucoup de choses à vous dire ». Je suis immédiatement allée à Rio, j’ai rencontré Petit et nous avons fait ensemble une interview historique. Avez-vous lu cette interview ?  Oui, bien sûr. J’en ai une copie et je l’ai également trouvée sur de nombreux sites web. C’est une longue interview, que je lis attentivement. L’autre jour, un collègue de ma promotion m’en a passé une copie et je lui ai dit : « Mec, tu crois que je n’ai pas ça ? J’en ai une copie ici depuis longtemps… »

Est-ce bien cela ? C’est génial ! Je suppose donc que les haut-gradés de l’armée, comme vous, ont pu prendre note des déclarations de Hollanda ? Oui, certainement. C’est une longue et célèbre interview. Hollanda était alors un homme très troublé. Il a eu des problèmes dans son premier mariage, de graves problèmes psychologiques. Aujourd’hui, il serait peut-être décrit par un psychiatre comme ayant un comportement bipolaire, ce qu’on appelait autrefois un état psychotique maniaco-dépressif. Mais je dis que ce n’était pas ça. Un type qui souffre d’un comportement bipolaire alterne des moments d’euphorie et de dépression, et Hollanda n’avait pas cela. Il avait en effet une personnalité constamment introspective.

Pensez-vous que ces problèmes ont influencé les déclarations du colonel Uyrangê Hollanda sur l’Opération Prato ? Qu’ils ont modifié tout ce qu’il a rapporté à Revista UFO ? Pas dans le fond, mais dans la forme, peut-être. Hollanda était un homme sérieux et ne pouvait pas modifier un contenu, encore plus important. Il avait une mémoire vive et a même décrit les détails de l’opération Prato et de sa vie militaire… Je crois. Comme tous les gens qui souffrent, qui ont aussi des souvenirs aigus. L’avez-vous remarqué ? Pourquoi les gens souffrent-ils ? Précisément parce qu’ils ont une mémoire vive. Ils se souviennent ! S’il était à moitié bahianais, tout comme moi, il se dirait « je veux oublier ce métier », et il suffirait d’être plus heureux. Mais pas lui, il s’est souvenu de plus de la moitié de son enfance.

Vous avez raison, monsieur. Quand Petit et moi l’avons interviewé, la première chose que nous avons remarquée, c’est que Hollanda était un homme sans amis, et cela nous a rapprochés. Nous sommes devenus amis et nous l’avons présenté à tous les membres de notre communauté, à tel point qu’il a commencé à suivre des cours d’ufologie brésilienne et même à donner des conférences lors de congrès. Mais, malheureusement, entre l’interview que nous avons faite et sa publication dans UFO, il a fini par se suiciderLa tristesse qu’il ressentait était quelque chose de très courant dans l’aviation à cette époque. Je pense que cela a un rapport avec le fait qu’il a essayé d’être un aviateur, mais il ne l’a pas réussi. Cela est arrivé à beaucoup de gens, qui sont entrés dans l’institution en voulant devenir pilote, mais pour qui cela est resté au stade de l’intention [services internes, bureaucrates]. Il y a des milliers de cas de ce type, mais aujourd’hui cela a changé. Dans le passé, le cadet entrait pour être aviateur et il était affecté dans l’administration, ce qui a fini par créer une génération de personnes frustrées, qui allaient porter cette frustration toute leur vie.

En quoi cela a-t-il changé ? Ce que vous faites aujourd’hui est différent. Le jeune homme qui veut rejoindre l’armée de l’Air définit déjà dans quel secteur il veut aller. Certains veulent être lieutenants, pas aviateurs. D’autres veulent être administrateurs. Ils suivent des cours et sont déjà orientés vers leurs domaines de prédilection, puis essaient d’atteindre leurs objectifs. De cette façon, il ne se produit pas d’inconvénient pour la personne qui ne travaille plus dans un domaine et doit s’orienter dans un autre. Ce fut précisément le cas pour Hollanda, qui éprouve une profonde frustration de ne pas avoir été aviateur. Et il ne s’est jamais résigné à cela, car le travail d’un officier de l’armée de l’Air, ou de toute autre armée, est très destructeur. Surtout si vous ne l’aimez pas. Il voulait être aviateur, pilote de chasse, être dans le ciel, mais au lieu de cela il se retrouve enfermé dans un bureau à s’occuper de l’administration, ce qui est écrasant. Qui aime ça ?

Fort impact émotionnel

Ne pensez-vous pas que l’un des points culminants de la carrière du colonel Uyrangê Hollanda a été précisément l’Opération Prato ? Oui, mais que lui est-il arrivé ? Il s’est « échappé » du poste d’intendance où on l’avait affecté. Car il n’a jamais vraiment été un officier d’intendance. Car à l’époque, et encore aujourd’hui, le système de renseignement avait besoin de personnes, quelles qu’elles soient : aviateurs, intendants, prêtres, etc. Ces personnes ont été recrutées pour travailler dans le renseignement dans ces années-là. Aujourd’hui, le renseignement est une profession, mais pas à cette époque. Vous avez « pêché » la personne pour qu’elle s’y consacre, vous lui avez donné une formation et elle est allée travailler dans le renseignement. Et Hollanda s’est investi dans ce travail de renseignement et il a continué.

On dit que lorsqu’il a été appelé à commander l’Opération Prato, Hollanda a adoré, car c’était tout ce qu’il voulait : aller dans la jungle. Il a pris en charge la mission militaire et a eu un contact direct avec un ET, ce qu’il nous a révélé dans l’interview. Le saviez-vous ? Oui, il l’a signalé. Mais je n’ai pas pu en discuter avec lui. Hollanda m’a aussi appelé juste après, mais j’étais engagé dans une autre opération.

(…….) Fin de la première partie.

Traduction libre Jean Librero