L’ex-lieutenant Walter Haut, un témoin-clé de Roswell :

L’officier qui a diffusé le communiqué de presse le 7 juillet 1947 rompt un silence de plus de cinquante ans en 2002

par Jean Librero

 

Lieutenant Walter Haut, base Roswell Army Air Field, 1947

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Colonel William Blanchard, commandant de la base Roswell Army Air Field (R.A.A.F), 1947

Dans un article introductif au livre Witness To Roswell, paru en 2009, Tom Carey rappelle que près de 600 témoins, directs ou indirects, ont été retrouvés par les enquêteurs depuis 1988. Tom Carey s’est joint en 1991 à l’équipe formée de Kevin D. Randle et Donald R. Schmitt.

Il est évident que ces témoins n’ont pas tous le même poids, au vu de leur lien direct ou indirect avec l’incident, et du contenu de leur témoignage. Les notes se rapportant à chacun des chapitres décrivent précisément les sources et formes des témoignages. On constate que de nombreuses déclarations correspondent à des enregistrements et retranscriptions d’entretiens téléphoniques. Ces circonstances formelles ne sont pas, en tant que telles, des indices de fragilité des témoignages. Elles auront cependant moins d’impact que des entretiens lors de rencontres physiques. Il n’en demeure pas moins que cette imposante « archive » ou « base de données » rassemblée dans un travail sans relâche de plus de vingt ans (le terme ne paraît pas exagéré) dément radicalement les préjugés, lieux communs de toute sorte et les dénigrements malhonnêtes nés d’une culture médiatique toxique et gravement désinformée dans le traitement de « L’Incident ».

Depuis 2010 environ, l’auteur Gildas Bourdais a efficacement « corrigé le tir » et battu en brèche la thèse perfide d’une « rumeur ». Gildas a consacré à l’incident Roswell cinq ou six livres retentissants qui relaient les travaux de Randle, Schmitt et Carey, ainsi que ceux de quelques autres chercheurs tels Stanton Friedman.

Le livre Witness To Roswell, qui est non seulement l’étude de référence incontestée, mais également un des plus grands best-sellers de l’ufologie, est disponible en France depuis novembre 2024. Sa sortie n’a pas été saluée par des groupes de référence, les posts de la page Flying Disk France n’ont pas été relayés sur les médias sociaux. Une telle inertie est le symptôme d’une culture gravement confinée.

Des articles tels que ce portrait du témoin Walter Haut ont d’abord pour objet de « désincarcérer » la perception du public d’amateurs, novices ou avertis. Nous espérons pouvoir enregistrer des podcasts avec des chercheurs et auteurs confirmés, afin de donner plus d’éclairage à ces contenus. L’amateur sérieux qui cherche un éclairage complet sur l’enquête de Schmitt et Carey trouvera des clés dans le livre Témoin de Roswell.

Entre le 2 et le 3 juillet 1947, un vaisseau extraterrestre s’est crashé en pleine nuit dans une zone désertique à une soixantaine de kilomètres au nord de la ville de Roswell, Nouveau-Mexique. Cet incident n’est pas une rumeur, mais un fait documenté. Le crash de Roswell a été méthodiquement et impitoyablement censuré depuis juillet 1947, et n’aurait peut-être pas « fait surface » sans le courage admirable du lieutenant-colonel à la retraite Jesse A. Marcel Sr, qui s’est confié à Stanton Friedman et à quelques autres enquêteurs à partir de février 1978.

Merci aux courageux témoins qui ont défié la censure et les menaces. Merci aux enquêteurs pour leur acharnement et leur détermination face aux intimidations et aux désinformations de toutes sortes.

Sur le site Flying Disk France, deux articles concentrés sur Jesse Marcel Sr. Le deuxième concerne, de façon singulière, le témoin d’un autre cas OVNI majeur, quoique d’une autre nature. La rencontre improbable entre Jesse Marcel et Calvin Parker en 1980 est une sorte de « carambolage » de deux parcours qui à priori n’étaient pas appelés à se croiser.

Introduction au récit de Calvin Parker sur ses rencontres avec  Jesse Marcel en 1980: Rappel historique sur la réactivation du dossier Roswell après 1978

Rencontres de Calvin Parker avec le Lt. Colonel Jesse Marcel (Ret) en Louisiane en 1980

Les témoignages sur le lit de mort

On a évoqué avec raison les témoignages dits « sur le lit de mort ». Des personnes qui n’ont que quelques mois ou quelques heures à vivre n’ont à priori aucune raison de « cacher quoi que ce soit », sauf au risque de mettre en péril la vie de leurs proches. Un obstacle souvent mentionné est couramment désigné sous l’appellation « Non Disclosure Agreement ». Cette notion désigne les engagements à valeur légale que les témoins d’incidents ou observations OVNI, en particulier dans un environnement militaire, sont contraints de signer par leurs supérieurs ou par des officiers relevant d’autres services et qui le plus souvent s’abstiennent de s’identifier. Il s’agit bien entendu d’engagements de confidentialité dont le non-respect expose à de très lourdes sanctions.

Le chapitre dédié contient une dizaine de cas très éloquents de témoignages sur le lit de mort. Un résumé sera probablement partagé sur le site. Trois cas de ce type sont évoqués ici, dans la mesure où ils ont une « parenté » avec le choix de Walter Haut de rompre un silence de plus de cinquante ans, quoique sous une forme plus décisive et directe.

Le Sergent Melvin E. Brown appartenait à l’Escadron K sur la base R.A.A.F à l’époque de l’incident. Brown saisit l’occasion du premier vol habité sur la Lune en juillet 1969 pour raconter à sa famille la vérité sur Roswell. Pour une raison ou une autre, les membres de sa famille ne prêtèrent pas une oreille attentive à ses confidences.

En 1986, alors que Brown était sur son lit de mort à l’extérieur de Londres, en Angleterre, sa fille Beverley Bean confia que son père ne cessait de parler de Roswell. Il répéta encore et encore que “ce n’était pas un simple ballon météo”. Voici les paroles de l’ex sergent Melvin Brown sur son lit de mort, partagés par sa fille Beverly Bean:

« Le crépuscule approchait quand un autre soldat et moi-même étions postés dans l’un des véhicules d’ambulance sur le site de la récupération. Tout était en cours de chargement sur les camions, et je ne pouvais pas comprendre pourquoi certains des camions contenaient de la glace ou quelque chose avec. Je ne comprenais pas ce qu’ils voulaient conserver dans le froid. Nos ordres étaient de ne pas regarder sous la bâche à l’arrière. Dès qu’une chance se présenta, je soulevai la toile. Il y avait des corps, de petits corps, ils avaient de grosses têtes et des yeux en amande. »

Colonel Marion « Mac » Magruder

Parmi les autres témoignages de ce type qui sont rapportés dans le livre, citons le cas du lieutenant-colonel Marion Magruder, en formation au War College (Ecole de guerre) en 1948.

A la fin de sa vie, il rapporta ce qui suit à ses petits-enfants : Lors d’une visite impromptue sur la base Wright Patterson (Ohio) par tous les membres de sa promotion, visite ordonnée par sa hiérarchie, tous les membres de la promotion avaient vu les corps extraterrestres ainsi que les débris de l’épave. Les officier supérieurs sélectionnés pour la promotion du War College étaient destinés à former l’élite du commandement militaire. La hiérarchie au Pentagone voulait semble-t-il recueillir les points de vue et réactions de ces gradés, face à un cocktall de  révélations troublantes.

Les enquêteurs ont retrouvé le dossier militaire du colonel Magruder, les preuves de sa formation à l’école de guerre en 1948, et les entrées de l’agenda officiel de leur base située dans l’Alabama,, qui enregistrait la sortie de la promotion de l’école de guerre à destination de Wright Patterson, Ohio, aux dates indiquées.

 

 

Promotion du War College, 1948. Marion Magruder est debout au centre.

Le dossier militaire de Walter Haut

Le chapitre consacré à Walter Haut et à sa « déclaration notariée » ou Affidavit, pour reprendre l’expression juridique en latin, débute par un rappel documenté de son dossier militaire, en particulier ses états de service pendant la deuxième guerre mondiale. On pourrait penser que joindre ce profil était un passage obligé pour les auteurs. Néanmoins, on comprend mieux les raisons précises de ce rappel lorsque ces éléments nous permettent de mieux prendre la mesure de ce qu’a été son service sur la base R.A.A.F (Roswell Army Air Field) avant et après juillet 1947.

Avant de servir sur la seule base stratégique de l’armée américaine qui, après 1945, stockait des armes nucléaires, Walter Haut avait servi comme bombardier sur un B-29 et avait accompli une vingtaine de missions de bombardement sur le Japon. Haut reçut de nombreuses distinctions, y compris la médaille Purple Heart, et au cours de l’été 1946, il fut chargé du largage des instruments de mesure dans l’opération Crossroads d’essais atomiques sur l’atoll de Bikini dans le Pacifique Sud. On comprend donc que Haut a été confronté très tôt à tous les enjeux liés à l’arme nucléaire.

Lieutenant Walter Haut, P.I.O (Public Information Officer) sur la base R.A.A.F en 1947

A Roswell, ses fonctions étaient celles de Public Information Officer (P.I.O) soit officier aux relations publiques sur la base. Haut était sous les ordres directs du commandant de la base, le colonel William Blanchard. Ce dernier avait lui aussi été actif sur le théâtre d’opérations en Asie. Il avait été commandant-en-second de la 58ème Escadre de Bombardiers, et il pilota le tout premier B-29 jusqu’en Chine afin de planifier les opérations de bombardement stratégique sur les îles japonaises en 1944.

Blanchard fut l’officier aux opérations du 21ème Commandement de Bombardiers, et dans ces fonctions il seconda le général Curtis Lemay dans la mise au point des plans destinés à la première bombe atomique qui devait être lancée sur Hiroshima. Le colonel Charles Sweeney fut le commandant de bord du B-29 “Bock’s Car”, mais initialement Blanchard avait été désigné pour piloter le vol au-dessus de Nagasaki.

Le général LeMay avait été l’inventeur de la tactique du « tapis de bombes » qui fut rendue tristement célèbre dans la guerre du Vietnam. Curtis Lemay atteignit les sommets de la hiérarchie militaire après la guerre. Après une ascension fulgurante pendant la deuxième guerre mondiale, il créa et commanda le Strategic Air Command entre 1948 et 1957. Il fut chef d’état-major de l’Air Force à partir de 1961 et jusqu’à son départ à la retraite en 1965.

Le général Curtis Lemay fut impliqué dans un épisode significatif sur la base de Wright Patterson (Ohio) au début des années 60, qui impliqua aussi un homme politique de premier plan, le sénateur Barry Goldwater. L’épisode s’est déroulé sur la base aérienne Wright Patterson et évoquait une mystérieuse « Blue Room » à laquelle le sénateur demandait à avoir accès. Le récirt figure dans un des livres majeurs de Tom Carey et Donald Schmitt consacré aux secrets de la base Wright Patterson (Dayton, Ohio). Non traduit à ce jour, cette étude extrêmement documentée a pour titre « The Real Area 51 : Wright Patterson AFB, the Air Force and UFOs »

Sénateur Barry Goldwater

Général Roger Ramey

En 1946, Blanchard était le second du général Roger Ramey au poste de commandant du 509ème Escadron de Bombardiers Atomiques lors de l’Opération Crossroads. L’un des officiers sous sa responsabilité était Walter Haut, avec lequel il lia amitié rapidement. Comme le relèvent les auteurs, Blanchard était probablement le « modèle par excellence » pour le jeune officier Haut, au point qu’il est permis de se demander si ce ne fut pas Blanchard qui demanda l’affectation de Haut sur la base R.A.A.F.

Les auteurs illustrent avec trois exemples éloquents le lien particulier qui unissait les deux hommes. Ainsi, c’est à Walter Haut que le colonel Blanchard faisait appel, quand il avait besoin de faire reconduire sa femme et ses enfants jusque chez eux à Chicago. Les auteurs soulignent également un point qui transparaît dans une photo prise sur la base :Quand le commandant faisait visiter la base à un dignitaire venu de Washington, Haut se trouvait toujours à son côté. Sur la photo historique reproduite dans le même chapitre, on voit Haut aux côtés du colonel, tandis que leur supérieur direct, le général Ramey, chef de la 8me Armée, de laquelle dépendait la base de Roswell, les suit à quelques mètres.

Un épisode plus poignant qui reflète le lien entre les deux hommes prend place au moment de la mort de Blanchard. Ce dernier était alors, en 1960, chef d’état-major adjoint de l’US Air Force, en poste à Washington. Haut n’apprit pas la tragique nouvelle dans un journal. Un émissaire spécial arriva directement à Roswell depuis Washington, et se rendit au domicile de Haut, porteur de la missive.

Walter Haut a acquis une célébrité « médiatique » pendant cette première semaine de juillet 1947 quand, par ordre du commandant de la base, le colonel Blanchard, et dans ses fonctions d’officier aux relations publiques pour le 509ème Escadron de Bombardiers sur la base R.A.A.F, il a publié ce communiqué de presse qui annonçait le crash d’un engin extraterrestre et sa récupération par l’armée dans le désert du Nouveau-Mexique, au nord de la ville de Roswell.

Les auteurs rappellent que Walter Haut est resté silencieux pendant les cinquante-cinq années qui suivirent, jusqu’à cette date de novembre 2002, et cette décision de rendre public son témoignage sous la forme légale d’un acte notarié. Ce document sera décrit ci-dessous.

Avant cela, relevons un point signalé par Donald Schmitt dans ce chapitre. Il faut d’abord se rappeler que l’enquête de Kevin Randle et Donald Schmitt au Nouveau-Mexique a commencé autour de 1988 et 1989. Les auteurs indiquent qu’ils ont fait connaissance avec Walter Haut le dernier jour de leur première visite à Roswell, en février 1989. Ce point a peut-être été relevé par des chercheurs attentifs, tels Gildas Bourdais. Quoi qu’il en soit, ce point significatif nous aide pour mieux comprendre encore le poids d’un silence de 55 ans.

Non seulement Haut a connu personnellement Randle et Schmitt à partir de 1989, puis Carey quelques années plus tard, mais il est resté en contact avec eux pendant des dizaines d’années dans lesquelles l’enquête a été poursuivie. Rappelons que le premier livre de Randle et Schmitt, UFO Crash at Roswell, a été publié en 1991, et la première édition du livre de référence, Witness To Roswell, date de 2009. On constate qu’à la date de publication vingt ans s’étaient écoulées depuis la première visite des enquêteurs à Roswell en 1989. Carey et Schmitt ont publié plusieurs livres par la suite, parmi lesquels The Children of Roswell en 2016, traduit en français en 2017 (Les Enfant de Roswell, Ed. Atlantes).

Haut est resté silencieux entre 1947 et 2002, et s’est abstenu de se confier aux enquêteurs depuis février 1989, soit pendant plus de douze ans. C’est à la lecture des déclarations sous serment dans l’Affidavit de novembre 2002 que l’on peut prendre la mesure de la tension extrême qu’ont pu générer ces années de silence.

Si une divulgation et déclassification prennent effet un jour prochain, ainsi qu’on nous l’annonce régulièrement, il conviendra d’entreprendre une étude « systématique » sur les dommages psychologiques et physiques causés par ce que l’on peut appeler ici une violence institutionnelle.

Les enquêteurs relèvent, dans le portrait de Haut, un aspect qui pourrait sembler anecdotique, et qui tout au contraire, dans les prémisses d’une enquête qu’il croyaient devoir être courte, joua un rôle déterminant.

Donald Schmitt a rapporté plusieurs fois les circonstances dans lesquelles il avait été missionné par le Centre Allen Hynek pour une mission de quelques jours au Nouveau-Mexique, une mission qui devait « clôturer » le dossier. L’hypothèse du ballon météo paraissait alors la plus probable. Les auteurs révèlent ici qu’un élément « mineur » a contribué à faire vaciller leurs certitudes.

Tout tourne autour de la question : pourquoi Haut est-il resté silencieux pendant toutes ces années ? La réponse, selon le raisonnement des auteurs, trouve sa clé dans le lien privilégié entre les deux hommes, lien qui a été décrit ci-dessus, et qui trouve sa source dans leurs itinéraires au cours de la Deuxième guerre mondiale.

Dans les termes exacts des auteurs : « La réponse la plus simple à la question de savoir pourquoi il ne s’exprima jamais plus largement à-propos de Roswell était qu’il avait promis à Butch qu’il ne le ferait pas. Pour Haut, c’était une question de respect de la parole donnée à l’ami et au commandant en qui il avait eu la plus grande confiance pendant toute sa vie. C’était de sa part le témoignage de toute une vie ainsi qu’un reflet de la haute estime en laquelle il tenait son ancien commandant. »

De ce point de vue, les explications les plus simples sont parfois les meilleures. La simple et pure loyauté d’un officier à sa supérieur a pu imposer un silence de cinquante ans sur des secrets qui engageaient la sécurité militaire.

«Howt !!» : Le « Nordique » et les pressions et menaces exercées pendant plus de trente ans contre Walter Haut et sa famille.

Il semble que Walter Haut fut surveillé et soumis à des pressions pendant des décennies. Ainsi, il recevait des cartes de vœux de Noël de l’ancien chef du CIC (Service de contre-espionnage) à Fort Worth, Milton Knight. Rappelons que Fort Worth, au Texas, était le siège de la 8ème armée, dont relevait Roswell en 1947. Les deux hommes avaient servi ensemble dans la guerre du Pacifique, et après la fin de la Deuxième Guerre Mondiale ils rentrèrent en Amérique sur le même avion depuis Saipan. Knight rendit visite à Haut chez lui, dans sa maison à Roswell, à douze occasions entre 1952 et 1956.

À chacune de ces visites, Knight étalait avec des manières arrogantes des photos d’ovnis qui étaient, selon Haut, “toujours explicables”. En 1989, Walter Haut montra aux enquêteurs de Roswell une carte de Noël qui comprenait une note qui disait : “Je persiste à croire qu’il n’y avait pas de corps à Fort Worth”. Il ne fait guère de doute que le C.I.C et d’autres services de renseignement veillaient scrupuleusement à ce que Haut garde le silence sur de nombreux secrets.

Cette surveillance, ce harcèlement, ce « dispositif » d’intimidation et menace s’illustre encore par les appels téléphoniques incessants que Walter Haut et sa femme subirent  pendant une trentaine d’années, selon son témoignage. “Il y avait tant d’appels, que j’ai perdu leur trace– trente ans d’appels !”, rapportait Haut.

Longtemps avant “l’affichage de numéro” il y eut les appels menaçants du “Nordic” au Canada, qui hurlait “HOWT!” au téléphone, avant d’exiger qu’il oublie toute l’affaire. “Il me disait d’oublier çà, ou bien!” Un autre interlocuteur plus direct s’identifiait comme “Le Fantôme”, et harcelait la famille Haut à toute heure de la nuit. “Chaque fois qu’il appelait, il me disait que ma vie était en péril si je parlais de l’incident” déplorait Haut.

L’international UFO Museum and Research Center, créé à Roswell par Walter Haut et Glenn Dennis  

Rappelons que Walter Haut fonda le fameux International UFO Museum & Research Center dans la ville de Roswell, où il avait choisi de résider. Il était associé à un autre témoin majeur des évènements de juillet 1947 à Roswell. Il s’agit de l’agent de pompes funèbres Glenn Dennis, qui lui aussi à signé une Affidavit.

Dans cette initiative, Walter Haut ne trahissait pas sa promesse au colonel et faisait ce que ce dernier aurait voulu le voir faire. Il continuait à respecter sa parole, il ne brisait aucune promesse.

L’Affidavit et ses contenus principaux –Novembre 2002

AFFIDAVIT de WALTER G. HAUT

DATE : 26 décembre 2002

TÉMOIN : Chris Xxxxxx

NOTAIRE : Beverlee Morgan

(1) Mon nom est Walter G. Haut

(2) Je suis né le 2 juin 1922

(3) Mon adresse est 1405 W. 7ème rue, Roswell, NM 88203

(4) je suis retraité.

(5) En juillet 1947, j’étais en poste à la base aérienne militaire de Roswell, au Nouveau-Mexique, comme officier de relations publiques. Je venais de passer le week-end du 4 juillet (samedi 5 et dimanche 6) à ma résidence privée à environ 10 miles (16 km) au nord de la base, située au sud de la ville.

(6) J’appris, au milieu de la matinée de mon retour au service, le lundi 7 juillet, que quelqu’un avait fait état de restes d’un engin qui s’était écrasé. Je fus informé que le major Jesse A. Marcel, chef du renseignement, avait été envoyé par le Commandant de la base, le colonel William Blanchard, pour enquêter.

(7) En fin d’après-midi le même jour, j’appris que de nouveaux rapports civils relatifs à un second site, juste au nord de Roswell, étaient arrivés. J’ai passé le reste de l’après midi à mes tâches quotidiennes, sans relever d’éléments nouveaux.

(8) Mardi matin, le 8 juillet, j’ai assisté à la réunion habituelle du personnel à 7h30. En plus de Blanchard et Marcel, il y avait également le capitaine Sheridan Cavitt, du CIC [Service de Contre-Espionnage] ; le colonel James I. Hopkins, chef des opérations ; le commandant Patrick Saunders, adjutant//vérifier la fonction dans les mails de Tom//  de la base ; le commandant Isidore Brown, officier responsable du personnel ; le lieutenant-colonel Ulysse S. Nero, officier aux approvisionnements ; et, venus de la base aérienne Carswell située à Forth Worth au Texas, le chef de Blanchard, !e général de brigade Roger Ramey et son chef d’état-major, le colonel Thomas J. DuBose, étaient également présents. Le sujet principal discuté, sur un rapport de Marcel et Cavitt, a concerné un champ de débris dans le comté de Lincoln à environ 75 miles (120 km) au nord-ouest de Roswell. Nous avons eu droit à un briefing préliminaire de Blanchard au sujet du deuxième site à environ 40 miles (65 km) au nord de la ville. Quelques débris ont circulé autour de la table. Je n’avais jamais vu de tels matériaux de toute ma vie. Des morceaux qui ressemblaient à des feuilles métalliques, de l’épaisseur d’une feuille de papier mais extrêmement résistants, et des fragments portant des inscriptions inhabituelles sur leur longueur circulaient de mains en mains tandis que chacun donnait son avis. Personne ne fut capable d’identifier les débris du crash.

(9) L’une des principales interrogations fut de savoir si nous devions ou non rendre publique la découverte. Le général Ramey proposa un plan qui, avait, je crois, été conçu par ses supérieurs au Pentagone. L’attention devait être détournée du site plus important au nord de la ville, tout en confirmant l’autre site. Trop de civils étaient déjà impliqués et la presse était déjà au courant. Je ne fus pas complètement informé de la manière dont l’affaire serait conduite.

(10) Vers 9 h 30, le colonel Blanchard a téléphoné à mon bureau et a dicté le communiqué de presse déclarant que nous avions en notre possession un disque volant provenant d’un ranch au nord-ouest de Roswell, et précisant que Marcel expédiait le matériel par avion vers le quartier général. Je devais diffuser le communiqué aux stations de radio KGFL et KSWS, et aux journaux, le Daily Record et le Morning Dispatch.

(11) Dès le moment où le communiqué de presse fut transmis par les téléscripteurs, mon bureau fut inondé d’appels téléphoniques du monde entier. Les messages s’empilaient sur mon bureau, et le colonel Blanchard me suggéra de rentrer chez moi pour me mettre à l’abri plutôt que d’affronter les médias.

(12) Avant de quitter la base, le colonel Blanchard m’a emmené personnellement au Bâtiment 84 [connu aussi sous le nom de hangar P3], un hangar pour les B-29 situé du côté est du tarmac. En approchant du bâtiment, j’ai observé qu’il était étroitement gardé, aussi bien au-dehors qu’à l’intérieur. Une fois à l’intérieur, j’ai été autorisé, à une distance de sécurité, à observer pour la première fois l’objet récupéré juste au nord de la ville. Il faisait environ 12 à 15 pieds (3,5 à 4,5 mètres) de longueur, pas autant en largeur, environ 6 pieds (1,8 mètres) de haut, et il était de forme plus ou moins ovoïde. L’éclairage était faible, mais sa surface m’a semblé métallique. Aucune fenêtre, ni hublot, ni aile, ni section de queue, ni même un train d’atterrissage n’étaient apparents.

(13) Toujours à distance, j’ai pu voir deux ou trois (a couple of) corps sous une bâche en toile. Seules les têtes dépassaient de la bâche, et je ne pouvais rien voir du reste des corps. Les têtes m’ont semblé plus grandes que la normale, et la disposition de la bâche suggérait qu’ils avaient la taille d’un enfant de 10 ans. Plus tard, dans le bureau de Blanchard, il étira son bras à environ 4 pieds (1,2 mètre) au-dessus du sol pour indiquer leur taille.

(14) J’ai été informé qu’une morgue provisoire avait été installée, pour y garder les corps récupérés.

(15) J’ai été informé que l’épave n’était pas « chaude » (radioactive).

(16) À son retour de Fort Worth, le Major Marcel m’a raconté avoir apporté des débris au bureau du général Ramey, puis être revenu de la salle des cartes pour constater que des restes de ballon météo et de cible radar leur avaient été substitués. Marcel a été très contrarié de cette situation. Nous n’en avons plus discuté.

(17) J’ai été autorisé à faire au moins une visite sur l’un des sites de récupération pendant le ratissage militaire. Je suis revenu à la base avec quelques débris que j’ai alors exposés dans mon bureau.

(18) J’ai été informé que deux équipes distinctes retourneraient périodiquement sur chaque site au cours des mois suivants, à la recherche d’indices restants.

(19) Je suis convaincu que ce que j’ai observé était une sorte d’appareil et son équipage, venus de l’espace.

(20) Je n’ai pas été payé et n’ai reçu quoi que ce soit de valeur pour faire cette déclaration, et c’est la vérité selon mes souvenirs.

LA PRÉSENTE DÉCLARATION DEVRA DEMEURER SCELLÉE ET SÉCURISÉE JUSQU’AU MOMENT DE MA MORT, MOMENT AUQUEL MA FAMILLE EN DISPOSERA SELON SA DÉCISION.

Signé : Walter G. Haut

Le 26 Décembre 2002

Signature constatée par le témoin:

Chris Xxxxxxx.

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Analyse des contenus de l’Affidavit de Walter Haut (Novembre 2002)

Un consensus prévaut au sein de la communauté ovni eu égard au dossier Roswell. Quoique jamais proféré ouvertement, ce consensus est toutefois invasif ou omniprésent : » tout le monde connaît le cas Roswell ».

En l’occurrence, ce dossier est en effet détaillé dans quelques livres bien documentés, en particulier les quatre livres principaux consacrés au cas par le regretté Gildas Bourdais, que j’ai bien connu. Gildas avait en effet « épluché » très méthodiquement la littérature « ad hoc », en l’occurrence et principalement les écrits de Stanton Friedman, Kevin D. Randle, Donald Schmitt, Thomas Carey, sans oublier bien sûr le livre inaugural de William Moore et Charles Berlitz paru en 1980, The Roswell Incident..

Dans ces conditions nous devrions être rassurés quant au degré d’information du public intéressé. En l’occurrence, rien n’est « moins vrai », et c’est là une énigme que je me garderai de prétendre résoudre ici. Concrètement, les nombreux témoins retrouvés par les enquêteurs sont peu connus du public français. Dans sa postface à Witness To Roswell, le journaliste George Noory (présentateur de Coast To Coast, également présent sur la chaîne Gaia) cite le général Exon, le major Patrick Saunders, le lieutenant colonel Mc Magruder, et je vous laisse deviner ce qui peut ressortir d’un « petit sondage » auprès du public français quant à ces témoins George Noory se réjouit de ses témoignages puissants qui selon lui ne laissent aucun doute sur l’authenticité du cas. En France, ces noms sont pour la plupart inconnus du grand public.

Le constat est d’autant plus regrettable, tout au moins pour ce qui concerne les trois témoins cités, que leur témoignage relève de la qualification « confession sur le lit de mort ». Le général Exon était en poste sur la base Wright Patterson en 1947, et on sait que cette base située en Ohio a été régulièrement désignée comme une destination probable d’artefacts extraterrestres suite à des crashs d’OVNIs). Plusieurs livres ont été consacrés aux secrets de la base Wright-Patterson, parmi lesquels une étude éblouissante par Tom Carey et Donald Schmitt (Inside the Real AREA 51, paru en 2013).

Le Major Saunders était un officier de l’état-major qui entourait le colonel William Blanchard, chef de la base de Roswell (R.A.A.F Roswell Army Air Field). Le général Marion « Mac » Magruder était un officier supérieur en formation à l’Ecole de guerre (Air War College) en janvier 1948 quand sa promotion a été conduite sur la base de Wright Patterson pour un «briefing » d’une nature très inhabituelle. Lors de ce briefing, Magruder et ses camarades de promotion auraient été amenés à voir des débris de l’épave, ainsi qu’un extraterrestre « en vie ».

Selon le colonel George Weinbrenner, ex chef de la Foreign Technology Division sur la base de Wright Patterson, le corps de l’extraterrestre aurait été conduit, après sa mort, sur le site d’essais Dugway Proving Ground, dans l’Utah.

Le témoignage de l’ex-lieutenant Walter Haut est plus emblématique encore, puisqu’il s’agit de l’officier qui rédigea le fameux communiqué de presse qui fut diffusé dans le Roswell Daily Report, avant d’être repris dans la presse nationale, à la fin de la première semaine de juillet 1947. Le nom de Walter Haut est certes familier des amateurs. Toutefois, en dépit des contributions de quelques vrais spécialistes français, peu de personnes savent précisément ce qui cinquante ans après les faits rend si précieux le témoignage de cet officier.

Analyse des principaux contenus de l’Affidavit de Walter Haut (décembre 2002)

Les contenus sont précis et substantiels, et particulièrement cohérents avec tout ce que l’on sait sur l’incident Roswell, en particulier grâce au travail acharné de Tom Carey et Donald Schmitt.

Deux points ressortent de la description de la réunion : Concernant le premier site qui avait été signalé (le « champ de débris »), Haut confirme au point (6) qu’il a appris le lundi 7 juillet, au milieu de la matinée, que le Major Jesse Marcel, chef du renseignement sur la base, s’était effectivement rendu sur le site « dans le comté de Lincoln ». Ce point peut paraître banal pour tous ceux qui connaissent les grandes lignes du dossier. En l’occurrence, cette mention dans l’Affidavit offre une confirmation particulièrement solide, émanant d’un officier de la base, dont on sait qu’il participait effectivement aux réunions de l’état major chaque semaine.

Plus loin, au point (9), Haut précise que Marcel a fait un rapport sur la visite au champ de débris, et un second point central est confirmé encore : Le Major Jesse Marcel était accompagné dans cette visite par le capitaine Sheridan Cavitt, chef du C.I.C, le contre-espionnage militaire sur la base.

Une longue partie d’un chapitre est consacrée à Sheridan Cavitt dans le livre Témoin de Roswell. La raison majeure en est que cet officier du contre-espionnage, qui fut dès le début un acteur-clé du fait de ses fonctions, a tout au long de sa vie nié son implication dans les évènements. Plus exactement, il a fait des déclarations contradictoires, et en particulier a nié s’être rendu sur le site en compagnie du Major Jesse Marcel. Il reconnaissait à demi-mot avoir visité le site accompagné par son subordonné au sein du C.I.C, le sergent Bill Rickett.

Dans le cours de leur enquête, Donald Schmitt et Tom Carey rendent visite à l’officier à la retraite à son domicile, et la femme de Cavitt les avertit qu’ils ne doivent pas nourrir d’illusion. Et en effet, à la fin de leur entretien dans le salon du petit pavillon, Cavitt les raccompagne jusqu’à leur voiture et leur fait promettre que, si jamais ils découvrent quoi que ce soit autour de l’incident, ils garderont cela secret..

A la fin du chapitre, loin de céder à l’amertume, les auteurs saluent le sens du devoir d’un agent de renseignement qui aurait été incapable de désobéir aux ordres ou à une obligation de confidentialité, même quarante ou cinquante ans plus tard.

Walter Haut confirme donc de façon claire et tranchante les déclarations du Major Marcel lui-même, qui furent constantes tout au long de ses quelques années de témoignage, depuis ses premières rencontres avec Stanton Friedman en 1978. En ce point aussi réside la force du témoignage de Walter Haut. Rappelons que Bill Rickett a lui-même confirmé à Schmitt et Carey qu’il s’était en effet rendu sur le site avec son supérieur du CIC.

Un tel éclairage nous révèle que Cavitt (qui se multiplie en dénégations) a fait plusieurs visites (au moins deux) sur le champ de débris près de Corona, si l’on prend en compte la première visite par Marcel et Cavitt. Il est fort probable qu’il s’est rendu également jusqu’au site au nord de Roswell.

Un autre point important est brièvement évoqué dans l’Affidavit : ce fut le colonel Blanchard lui-même qui, lors de cette réunion, fit le rapport sur le « deuxième site » au nord de Roswell, dont on sait qu’il s’agissait du site du crash. A ce point de l’Affidavit, on comprend avec certitude que Blanchard était lui-même très bien informé dès ce matin du mardi 8 juillet. On en déduit que ce fut le lundi 7 juillet, alors que Marcel et Cavitt était au nord, sur le champ de débris, que Blanchard s’est rendu, probablement accompagné par d’autres officiers, sur le site du crash, 65 km au nord de la ville de Roswell.

Un des éléments qui ressort de ce récit est peu commenté, y compris dans le livre Witness to Roswell : Haut rapporte la réunion qui s’est tenue dans le bureau de Blanchard le mardi 8 juillet en présence de son état-major, mais également du général Ramey et de son aide de camp le colonel DuBose (Point 8).

Il est clair selon le témoignage de Haut que dès le mardi 8 juillet, c’est-à-dire deux jours après la visite du rancher Mack Brazel au bureau du sheriff de Roswell, une stratégie a été définie par les chefs militaires (stratégie probablement dictée depuis Washington)  formée au moins de deux volets (stratégie probablement dictée depuis Washington) : d’abord censurer totalement les évènements majeurs survenus sur le site du crash (récupération de l’épave et des corps extraterrestres), site à 40 miles, soit 65 km au nord de la ville de Roswell. Le deuxième volet ou objectif consistait à focaliser l’attention du public et des médias sur le site plus éloigné (à 75 miles, soit 120 km), qui désigne le site du champ de débris dans le comté de Lincoln, au sud de la petite ville de Corona, et reconnaître partiellement un incident associé au « champ de débris »

On comprend implicitement que le premier « volet » était promis à un destin « scellé » : dès le lendemain, mercredi 9 juillet, dans le bureau du général Ramey à Fort Worth (Ramey était présent à la réunion à Roswell le mardi 8), Jesse Marcel, qui se croyait en route pour Wright Field, Ohio, était à son insu compromis dans la désormais fameuse mise en scène avec les débris de ballon météo.

D’une certaine manière, les soixante-dix ans de dissimulation invoqués par Donald Schmitt au Roswell UFO Festival de 2017 étaient déjà préfigurés dans ce binôme : Réunion d’état-major au bureau du colonel Blanchard, commandant de la base R.A.A.F, mardi 8 juillet, et montage destiné à la presse, mercredi 9 juillet, dans le bureau du général Ramey, Fort Worth, Texas.

Ce binôme historique sera probablement  un jour un « incontournable » de l’histoire mondiale du « UFO cover-up », si et quand prendra place une authentique déclassification.

Aux points (12) et (13), on découvre ce qui peut-être a été l’expérience la plus intense pour le lieutenant Haut pendant ces évènements. Haut explique qu’après qu’il eut, par ordre du colonel, émis le communiqué de presse à l’intention des deux journaux locaux, le Daily Record et le Morning Dispatch, le colonel lui donna instruction de rentrer chez lui afin de ne pas être assailli par les appels des salles de rédaction qui affluaient.

Ce fut alors que se produisit la rencontre directe de Haut avec « le crash de Roswell » : Le colonel le conduisit au Bâtiment 83, qui était un hangar pour les bombardiers B-29, et à distance il eut le privilège de contempler quelques secondes l’épave du vaisseau. Sa description d’un engin de petites dimensions est cohérente avec celle des principaux autres témoins qui ont pu approcher l’épave. Haut évoque un objet ovoïde de 3,5 à 4,5 mètres de longueur, un peu moins en largeur, et environ six pieds (1,8 mètres) de hauteur.

Haut a pu observer également, protégés sous une bâche, quelques corps (« a couple of bodies ») dont seules étaient visibles les têtes disproportionnées. Il précise que plus tard, debout dans son bureau, Blanchard étira le bras devant lui pour indiquer une taille de 1,20 mètre.

Au point (16), Haut rapporte un autre point central du dossier Roswell, qui est le récit de Jesse Marcel autour de la mise en scène avec le ballon météo, sur la base de Fort Worth, dans le bureau du général Ramey. La scène eut lieu le lendemain mercredi 9 juillet, après un vol de Roswell à Fort Worth. Marcel avait pour mission de voyager jusqu’à Wright Field, en Ohio, et Fort Worth ne devait être qu’une étape, pour se présenter au supérieur hiérarchique, le général Ramey.

Haut rapporte ce que lui confia Marcel à son retour de Fort Worth, et le témoignage de Haut confirme très exactement, en termes simples, les déclarations que Jesse Marcel a maintenues tout au long de ces années. Les fragments de l’épave que Marcel avait rassemblés pour les apporter à la base de Wright Field, dans l’Ohio, avaient été substitués par de banals débris de ballon météo, ,dans une mise en scène destinée à la la horde de reporters de presse qui avaient été conviés. Son vol de correspondance fut annulé officiellement, et Marcel fut renvoyé à la base de Roswell.

Aux points (17) et (18) on trouve quelques précisions sur les opérations de ratissage sur le site, qui ont souvent été évoquées, et qui sont décrites de façon extensive par de nombreux témoins militaires. On en trouve de nombreux exemples au long des chapitres du livre.

Haut indique d’abord qu’il a été autorisé à une occasion à se rendre sur le site (il ne précise pas lequel mais on devine qu’il s agit du site du crash, à peu de distance de Roswell). Haut souligne qu’il a recueilli quelques débris sur le site et les a provisoirement exposés dans son bureau. Ce détail fascinant révèle qu’à ce moment-là, probablement quelques jours après la réunion d’état-major du mardi 8 juillet, le lieutenant Haut n’avait pas la moindre idée de la censure et de la répression féroce, avec intimidations et régime de terreur, qui allaient s’abattre en très peu de temps sur toute la population, civils et militaires.

Il est probable que ce ne fut pas avec « modération » que les agents chargés de faire appliquer le secret lui signifièrent de retirer les artefacts de son bureau, et de les remettre aux autorités compétentes. Haut comprit très rapidement alors l’ampleur et la férocité de l’opération de censure qui venait d’être déclenchée. Pour ce qui est de la terreur imposée aux témoins récalcitrants, ce n’est pas un euphémisme, et les cas sont nombreux et éloquents au fil des chapitres de Témoin de Roswell.

Le deuxième élément est très important également : Haut apprit que « deux équipes distinctes » retourneraient périodiquement sur le site au cours des mois suivants. Ce point a été évoqué par plusieurs témoins dans le livre, et il semble que le ratissage se soit poursuivi sur plusieurs années. Un témoin militaire dans le livre Témoin de Roswell évoque à un moment donné des missions « à cheval » qui sortaient de la base de Roswell au petit matin, de façon à ne pas attirer l’attention, des militaires comme des civils. Les soldats qui participaient à ces missions étaient rigoureusement surveillés et contrôlés, à leur arrivée et au moment de quitter le site.

Il est beaucoup question de divulgation et déclassification autour des crashs d’ovnis depuis quelques mois, peut-être dans la foulée des annonces gouvernementales. Le chercheur et auteur Michael Schratt a constitué une imposante base de données sur ces questions, et il est certain que l’incident Roswell n’est que « l’arbre qui cache la forêt ». Ryan Wood, le fils de Robert Wood, a rassemblé un ensemble volumineux de cas plus ou moins documentés dans son livre MAJIC EYES ONLY (vérifier le titre et l’année).

Un cas extrêmement bien documenté est décrit dans un livre qui a été traduit en français en 2017. Le titre original est The AZTEC Ufo Incident, de Suzanne et Stuart RAMSEY, paru aux Etats-Unis en 2015. De façon assez analogue à WITNESS TO ROSWELL, ce livre est le fruit d’une enquête de vingt ans. L’enquête de Scott Ramsey et son épouse Suzanne, est concentrée sur un crash survenu en mars 1948, soit huit mois après l’Incident Roswell, et dans le même Etat, le Nouveau-Mexique. Ce cas sera peut-être considéré, à l’heure d’une divulgation authentique, comme tout aussi important, voire plus important encore que le cas Roswell. Selon les faisceaux d’indices et les témoignages directs ou indirects, l’engin qui se posa sur un plateau au nord-est de la ville d’Aztec, près des Four-Corners et tout près de la frontière avec le Colorado, ne s’est pas exactement crashé.

Après un vol erratique du genre « feuille dans le vent », l’engin s’est tout simplement posé sur ce plateau aride, et a été récupéré pratiquement intact.

Une interview avec Jean Librero a été enregistrée le 27/10/2017 par Nurea TV. sous le titre 1948: AZTEC 1948: Un crash d’OVNI au Nouveau-Mexique. Cette vidéo est accessible également sur le site Flying dans la rubrique Médias, radio et WebTV

On trouve également dans cette rubrique le lien vers une émission enregistrée par UFO Conscience, mais cette vidéo est à présent réservée aux abonnés.

La description des modes opératoires des militaires pour la récupération, et le ratissage du site, après qu’il ait été ceinturé rigoureusement, offre de nombreuses similitudes avec les procédures mises en oeuvre « au nord de Roswell » à partir de juillet 1947, et pendant les semaines et les mois qui suivirent. Des unités de véhicules ont même été acheminées depuis Roswell, située à quelques centaines de kilomètres au sud. Ce fut le cas des fameux « low-beds », ces véhicules semi-remorques à plateau surbaissé, souvent évoqués dans l’enquête sur Roswell.

Le cas Aztec a été décrit en 1950 par Frank Scully dans son livre BEHIND THE FLYING SAUCERS. Ce livre fut le deuxième livre d’ufologie à avoir été publié, après le premier livre du Major Donald Keyhoe. Il a été aussitôt traduit en français en 1951 et malheureusement jamais réédité. Scully a été victime d’une sordide campagne de calomnie orchestrée par les pouvoirs en place, et il est tenu pour un imposteur par une grande partie de la « culture ovni ». Le public « et le communauté » découvriront bientôt que le témoignage de Scully était et demeure entièrement authentique.

Walter Haut a donc eu le courage de témoigner, cinquante-cinq ans après les faits. Il faut bien sûr, avec les auteurs, saluer ce courage. Les menaces, intimidations et violences de toutes sortes ne sont pas une simple rumeur. Des cas terribles affluent au fil des chapitres, tels celui de Frankie Rowe, la fille du pompier Dan Dwyer, qui avait treize ans à l’époque des faits, et qui est décédée en septembre 2017, deux mois après sa dernière participation au Festival annuel de Roswell. Rappelons encore que Walter Haut fut lui-même l’objet de ces violences morales et de ces menaces et intimidations, pendant trente ans selon ces propres termes.

Quand nous penserons au courage et au témoignage de Walter Haut, nous devrons garder à l’esprit ce qu’a pu être la voix de ce « Nordique » qui chaque nuit harcelait au téléphone Walter Haut et son épouse :

« Il y avait tant d’appels, que j’ai perdu leur trace– trente ans d’appels ! », rapportait Haut avec amertume. Longtemps avant l’affichage de numéro il y eut les appels menaçants du “Nordique” [expression qui renvoie sans doute à un accent scandinave, n.d.t] au Canada, qui hurlait “HOWT!” au téléphone, avant d’exiger qu’il oublie toute l’affaire.

Scully fut et demeure un héros de la divulgation par son enquête et par son livre en 1950. Walter est un héros lui aussi, lorsqu’il défie la censure par son Affidavit de décembre 2002.

Bien entendu, comme dans toutes les guerres, beaucoup de héros tombent au champ d’honneur, et leur mémoire est noyée dans la stature du « soldat inconnu ». Dans cette guerre pour la vérité, Walter Haut a été un héros, et à travers lui nous devons penser à saluer les nombreux autres témoins qui ont parlé, qui ont eux aussi défié la loi du silence, et qui ne sont pas entrés dans la postérité.

Merci Walter Haut pour votre acte posé le 28 décembre 2002.

Merci aussi pour lInternational UFO Museum & Research Center, que vous avez fondé avec Glenn Dennis et qui est administré par ceux qi vous ont suivi dans cette oeuvre. L’IUFOMRC demeurera une contribution irremplaçable pour la recherche sur l’Incident, pour les spécialistes ou les simples amateurs.

Non, Roswell n’est pas une image caricaturale du folklore américain..

Une courte sélection de podcasts avec Walter Haut:

Walter Haut Blows the Lid Off Roswell

Roswell Reunion: Number 1, 07/11/1990 – 07/12/1990

Exploration des affirmations des lanceurs d’alerte sur les OVNIS Walter Haut et Stephen Lovekin

L’article ci-dessous en anglais (il sera peut être traduit sur le site) est le témoignage d’une personnalité bien connue de ‘l’après-Roswell »: Julie Shuster, fille de Walter Haut, a été pendant de nombreuses années le successeur de son père à la tête de ‘l’International UFO Museum & Research Center de Roswell. Elle donne ici « sa vérité » telle qu’elle l’a entendu de la bouche de son père.

“My father saw the bodies”: chasing the truth about Roswell

 

Lien pour commander le livre Témoin de Roswell, de Thomas J. Carey et Donald R. Schmitt, traduit en français en novembre 2024

 

Walter Haut en 2004

Thomas J. Carey, coauteur de Witness to Roswell

Donald R. Schmitt, coauteur de Witness to Roswell